L'attente est enfin terminée... Alors que trois états continuent de dépouiller les bulletins, Joe Biden vient de remporter selon Associated Press et CNN l'état de Pennsylvanie et ses 20 grands électeurs, et devient, avec 284 grands électeurs, le 46e Président des États-Unis ce samedi 7 novembre 2020. Une information également confirmée par Fox News. Les résultats sont encore attendus pour l'Arizona, la Géorgie et le Nevada.
Une projection, pour le moment, le Congrès devant recompter le nombre de grands électeurs le 6 janvier 2021. Joe Biden devient Président dans la foulée, après avoir prêté serment. Le 6 novembre 2020, le candidat démocrate était passé en tête des résultats provisoires en Géorgie et en Pennsylvanie, et il est toujours en tête du Nevada. En raison de cette avance, la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi avait qualifié vendredi Joe Biden de "président élu" des États-Unis : « Ce matin, il apparaît évident que l'équipe Biden-Harris va gagner la Maison Blanche », avait ainsi déclaré Nancy Pelosi à propos de Joe Biden et de sa colistière Kamala Harris, candidate à la vice-présidence.
Donald Trump, de son côté, continue de contester les résultats partiels de cette élection. Le candidat républicain a obtenu de la justice un recomptage des votes en Géorgie. Selon la loi de cet état, un candidat peut demander un recomptage si la marge est inférieure à 0,5 point de pourcentage. Alors que 99% des bulletins ont été dépouillés, le candidat démocrate n'avait qu'une avance d'environ 0,022 points.
Donald Trump avait déclaré victoire il y a quelques jours déjà (et réitéré ce samedi 7 novembre), alors que de nombreux états n'avaient pas encore fini de compter les votes. Un cri de victoire bien prématuré aux vues des derniers résultats communiqués.
Joe Biden a remporté les votes des états du Wisconsin et du Michigan, le mettant en tête de cette élection il y a quelques jours avec 264 grands électeurs dans sa poche, contre 214 pour Donald Trump. Il ne manquait que six grands électeurs au candidat démocrate pour devenir le 46e président des Etats-Unis.
Joe Biden était également devant en terme de votes populaires : les citoyens américains ont voté à 50,5% pour le candidat bleu. Donald Trump suit de près avec 47,8%. On note, d'une manière générale, que les états du centre ont voté républicain, et que les côtes sont plutôt démocrates.
Si les résultats se sont fait attendre, c'est que les américains ne votent pas tous en même temps. Il faut donc attendre d'avoir reçu et compté tous les votes par correspondance, qui sont très nombreux cette année en raison de la pandémie.
Une attente insoutenable pour certains
Si la grande vague bleue n'a pas secouée le pays comme les démocrates s'y attendaient, Joe Biden restait confiant, mais appellait à la patience : « Nous connaîtrons peut-être les résultats demain matin, mais cela pourrait prendre plus de temps. Car ce n'est pas à moi ou à Donald Trump de décider, c'est la décision du peuple américain ! », avait lancé Joe Biden depuis sa ville de Wilmington, dans le Delaware. Il avait ensuite tweeté : « Gardez la foi, nous allons gagner. » Son équipe de campagne restait néanmoins prudente.
Donald Trump avait, quant à lui, fait une déclaration depuis la Maison Blanche. Le président sortant a revendiqué la victoire, affirmant également vouloir saisir la Cour suprême contre « une fraude aux dépens du peuple américain ». Dans son allocution, il avait également avancé : « Nous allons gagner et, de ce que j’en pense, nous avons déjà gagné. »
Après sa défaite dans certains états-clés, Donald Trump a mis sa menace à exécution : il a saisi la Cour suprême pour demander un recomptage des voix dans le Wisconsin. Le candidat républicain tente de faire invalider les bulletins qu’il estime frauduleux, malgré l’absence de preuves. « Hier soir, j’avais une bonne avance, dans de nombreux Etats-clés », a tweeté Donald Trump mercredi matin. « Puis, un par un, ils ont commencé à disparaître magiquement avec l’apparition et le comptage de bulletins surprise. » Ce que le président appelle des "bulletins surprises", ce sont les votes par correspondance, qui sont traités plus lentement par les bureaux de vote.
Ces affirmations sont potentiellement dangereuses : de nombreuses personnes redoutent des fraudes lors de cette élection : Donald Trump avait assuré à plusieurs reprises qu'il ne quitterait pas la Maison Blanche, même en cas de défaite. Il avait tenté de freiner le vote par correspondance, et ses partisans sont accusés d'avoir tenté de faire fuir les électeurs démocrates des bureaux de vote.
Un processus compliqué
Comment fonctionne l'élection présidentielle américaine ? Les américains ne votent pas directement pour le président. Ils votent pour leurs représentants, les élus de leur état. Ce sont ces grands électeurs qui choisissent ensuite quel candidat est élu président. Chaque état produit un nombre de grand électeur différent, en fonction du nombre de personnes qui habitent dans l'état. Plus un état est peuplé, plus il y a de représentants politiques. Par exemple, la Californie dispose de 55 représentants, tandis que Washington D.C. n'en a que trois.
Le système se complique encore. Le système électoral américain repose sur le principe "winner takes all". Dans un état, prenons l'Ohio (18 représentants), une majorité de vote pour un parti permet de remporter tous les grands électeurs disponibles. Mettons qu'en Ohio, 11 représentants démocrates ont été élu, et 7 représentants républicains ont été élus également. Les démocrates remportent l'élection dans cet état. Mais ils ne remportent pas seulement les 11 représentants déjà élus : il suffit de rassembler une seule voix de plus que son adversaire pour s'assurer le soutien intégral de ces 18 grands électeurs.
Au total, les américains élisent 538 grands électeurs. Pour être élu, un président doit obtenir 270 grands électeurs de sa couleur politique.