« Dans la station Châtelet, les valeurs mesurées par la RATP elle-même dépassent presque tous les jours 50 µg/m3 pour les PM10, soit la valeur d’un pic de pollution en extérieur », révèle l'association Respire. Des niveaux de pollution alarmants pour un espace sous terre, mal ventilé et très fréquenté. C'est bien ce que reproche l'association à la RATP : des pics de pollution fréquents qui mettent en danger la santé des voyageurs dans le métro.
Respire a donc décidé de déposer une plainte contre le réseau de transports franciliens ce mardi 23 mars 2021. L'association accuse la RATP de « tromperie aggravée » et « blessures involontaires ». Dans le communiqué de l'association, le directeur de Respire Olivier Blond ajoute : « La RATP entretient une forme d’omerta sur la pollution de l’air dans le métro. Elle prétend qu’il n’y a pas de problème. Mais il faut dire la vérité aux gens. Le déni de la RATP est une composante essentielle du problème ».
Le directeur confie à France Info que l'association a décidé de mener cette action en dernier recours. « On a lancé cette action en désespoir de cause, parce que ça fait des années qu'on alerte sur la pollution dans le métro. On a fait des études, des campagnes de mesures. Après avoir tout essayé, on va en justice. C'est parce que la RATP refuse de discuter avec nous », explique Olivier Blond.
Pour appuyer ses propos, et avant de porter plainte, l'association avait mené des campagnes de mesures des niveaux de pollution dans plusieurs stations de métro. Respire avait alors alerté sur les niveaux « préoccupants » de concentrations de particules fines, qui pénètrent dans les poumons et peuvent se diffuser dans le sang. A la station Alexandre Dumas, des pics peuvent dépasser presque dix fois les seuils d'alerte. On est également à six fois de dépassements à Trocadéro ou place d’Italie.
Cette pollution est causée par les frottements au moment du freinage des rames de métro. Des particules riches en métaux, en fer et en carbone se détachent et se diffusent dans l'air. Ainsi, les usagers sont directement exposés à cette pollution et « à des risques sanitaires considérables, et [l'association considère] que la RATP s’abstient délibérément d’alerter sur les risques encourus » et elle « refuse de prendre les mesures qui s'imposent. Elle refuse de communiquer, d'informer les consommateurs. »
La RATP se défend. L'organisme estime que les mesures de pollution effectuées par Respire ne peuvent être entièrement fiables, car elles n'ont pas été réalisées avec « les appareils de références ». La RATP assure que « Depuis avril 2018 les données sur la qualité de l'air sont consultables en temps réel depuis le site dédié concernant ces trois stations représentatives (Franklin D. Roosevelt Ligne 1, Châtelet Ligne 4 et Auber RER A) et très fréquentées. (...) Depuis plus de vingt ans, la RATP agit pour améliorer la qualité de l'air dans ses espaces souterrains. »
Pour connaître le fin mot de cette histoire et déterminer qui a tort ou qui a raison, la présidente d'Île-de-France Mobilités Valérie Pécresse a mandaté Airparif afin que l'entreprise mène « une mission d'expertise sur le système de mesure de la qualité de l'air dans le métro parisien, pour s'assurer du bon état de fonctionnement des capteurs, ainsi que de la complétude des données recueillies et publiées. »