Depuis 2003, la loi française interdit la vente de tabac au moins de 16 ans. Cette loi a été renforcée en 2009, avec l'interdiction totale de vendre du tabac aux moins de 18 ans. Pourtant, plus de dix ans plus tard, les adolescents n'ont toujours aucun mal à se procurer du tabac.
Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a réalisé une enquête en 2021, montrant que « 64% des buralistes ont continué de vendre du tabac à des mineurs de 17 ans, contre 65,1% lors de la précédente enquête menée en 2019. Le constat est d’autant plus inquiétant dans les villes de plus de 15 000 habitants, où 77% des buralistes acceptent de vendre du tabac à des mineurs. » Une situation inquiétante pour le Comité, qui désespère d'atteindre son objectif : « une génération sans tabac d’ici 2030. »
Pour réaliser cette enquête, l'organisme a effectué 403 visites mystères, en novembre 2021. Un jeune de 17 ans jouait le rôle du client, tandis qu'un adulte s'assurait que la signalétique officielle est bien en place : tous les buralistes doivent mettre, bien en vue, l'affiche indiquant que la vente de tabac est interdite aux mineurs.
Résultat : de nombreux buralistes n'hésitent pas à vendre aux adolescents, et seulement 42% d'entre eux a disposé l'affiche de manière visible, conformément à la réglementation en vigueur.
« Huit buralistes sur dix, dans les grosses agglomérations, pensent que leur tiroir-caisse est plus important que la santé des Français et en particulier des enfants. Pour eux, ce n’est pas un problème de vendre une drogue à un enfant, alors que la loi leur interdit cette vente », s'indigne Yves Martinet, président du CNCT, sur France Inter.
Les membres du CNCT réclament des sanctions fortes contre ces buralistes hors-la-loi : il s'agit d'un enjeu de santé important pour les jeunes. « Le tabagisme est une épidémie pédiatrique, rien ne peut plus justifier qu’une profession massivement subventionnée persiste dans ces pratiques illégales, des sanctions dissuasives doivent être appliquées », demande Yves Martinet. « Il y a bien eu des fermetures administratives pour le non-contrôle des passes sanitaires. Nous demandons un dispositif efficace : le retrait ou la suspension de la licence quand il y a récidive », renchérit Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national contre le tabagisme.
Selon une enquête Escapad de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, citée par Le Monde, environ 25% des jeunes de 17 ans fument quotidiennement. Il s'agit du niveau le plus bas depuis 2000 (41,1 %), mais qui reste très élevé par rapport à d’autres pays.
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