Sobriété énergétique : voilà le mot-clé qui devrait nous accompagner tout l'hiver. Avec la hausse des prix de l'énergie et les menaces de pénurie, le gouvernement français enjoint les citoyens à réduire leur consommation d'énergie, notamment en baissant le chauffage à 19°C dans les habitations et les bureaux.
« La règle, c'est de chauffer à 19 degrés », a rappelé la Première ministre au micro de BFMTV, le 26 septembre dernier. Une règle inscrite dans la loi... Mais très peu renforcée jusqu'à présent. En effet, une loi de 1974 relative aux économies d'énergie stipule que la température du chauffage ne peut dépasser les 20°C « dans les locaux à usage d’habitation, d’enseignement, de bureaux ou recevant du public. » Le gouvernement entend donc faire appliquer cet ancien décret, sans pour autant « faire une police des températures », assure le cabinet d'Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.
Mais pourquoi une telle limite ? Pourquoi fixer la température idéale aux alentours de 19°C ? Interrogé par nos confrères de Libération, l'avocat en droit de l’énergie, Jérôme Lépée, explique : « Ces textes remontent à 1974, au moment de la crise pétrolière. » La France fait face aux limites des ressources en énergie, et doit donc réduire les dépenses, notamment en chauffant moins les bâtiments. Depuis, cette norme est restée.
« Il n’y a pas de publications scientifiques qui démontrent qu’il faut se chauffer à 19 °C. D’ailleurs sur ces questions, on insiste plutôt (dans l’entre-deux-guerres) sur l’importance de varier les températures à l’intérieur d’une maison pour renforcer les défenses et le corps », indique Renan Viguié, historien de l’énergie et du chauffage et secrétaire scientifique du comité d’histoire de l’électricité et de l’énergie, dans les colonnes de la Nouvelle République.
« Le confort thermique est une construction sociale. L’élévation de la température de confort, de 15 à 19 voire 20 °C, accompagne les "trente glorieuses" (…). Le confort, c’est être en t-shirt à l’intérieur, alors qu’il était courant dans les siècles précédents de se couvrir en rentrant chez soi », ajoute-t-il dans L'Obs. Selon l'historien, cette température choisie est donc un « compromis entre la consommation d’énergie, les technologies disponibles et le confort ressenti. »
Mais alors, faut-il s'attendre à des répercussions si notre logement est chauffé à plus de 19°C ? La loi rappelle que la règle des 19°C en intérieur est relative. « La température moyenne du logement s'obtient en pondérant la température de chaque pièce par son volume. Exemple : Dans un logement comprenant 2 pièces, la 1re pièce a une température de 18 °C et fait 20 m3, la 2e pièce a une température de 19 °C et fait 25 m3 », détaille le site service-public.fr.
A moins d'une enquête judiciaire officielle, la police ne peut donc pas venir chez vous pour contrôler la température de chaque pièce. En théorie, une contravention de 1 500 euros peut bien être imposée aux contrevenants, mais en pratique, cette situation ne s'est encore jamais déroulée.