Face au Covid-19, les "quartiers défavorisés" sont beaucoup plus touchés. C'est en tout cas ce que nous disent les résultats d'une étude de l'Observatoire régional de santé d'Île-de-France au sujet de la surmortalité dans la région, publiée ce lundi 11 mai et qui se base sur les chiffres de l'INSEE. Au cœur de l'une des zones les plus durement touchées par l'épidémie, la hausse de la mortalité s'avère être beaucoup plus sévère dans des départements comme la Seine-Saint-Denis. Entre mars et avril, c'est le département qui a connu "la plus forte évolution de mortalité" en nombre de décès de la région indique l'ORS, enregistrant +118,4% par rapport à 2019.
Forcément, l'étude ne s'attarde pas seulement sur les chiffres en Seine-Saint-Denis : l'ORS a souhaité comprendre les raisons d'une telle disparité par rapport aux autres départements de la région. Bien entendu, le Covid-19 n'épargne par les autres départements où la population est dense, comme les Hauts-de-Seine (+101,5%), le Val-de-Marne (+92,6%) et surtout Paris (92,6%). Mais c'est "la partie nord de ce département d'1,6 millions d'habitants, le plus pauvre de la métropole", qui serait "le plus durement touché" précise l'étude. Cette zone comprend des villes comme Saint-Denis, Aulnay-sous-Bois ou encore Villepinte.
A l'origine d'un tel écart ? Pour la directrice de l'ORS Isabelle Grémy, interrogé par l'AFP, "les populations les plus vulnérables sont celles qui habitent dans les grands ensembles collectifs, avec des parties communes fréquentées, plus d'enfants en bas âge, et des surfaces par mètre carré qui sont moins importantes" que dans les autres zones denses du Grand Paris. Une population beaucoup plus exposée au virus, à additionner au fait qu'en Seine-Saint-Denis, "plus de 570 000 personnes vivent dans un ménage comptant moins d'une pièce par personne" souligne la responsable de l'étude.
Autre spécificité qui expliquerait ce contraste : les travailleurs du 93, facteurs de propagation du virus. En effet, comme le démontre l'étude, ceux que l'on appelle les "travailleurs-clés", indispensables à la continuité de la nation et pour qui le télétravail est impossible, ont représenté "jusqu'à 12% des actifs" du département. Pour se rendre au travail, la plupart n'avaient pas d'autres choix que de prendre les transports en commun, ce qui n'a fait qu'augmenter les risques de contamination. Aussi, les habitants des quartiers populaires sont "plus souvent sujets à l'obésité et au diabète" affirme la directrice, ce qui expliquerait en partie leur faiblesse face au virus. Elle précise tout de même que des disparités existent entre les différentes villes ou quartier du département.