La perte du goût et de l'odorat, un symptôme caractéristique de la Covid... Selon une étude européenne de l'Université de Mons, située en Belgique, et publiée en avril 2020, sur 417 patients ayant intégré cette étude, 85,6% expliquaient avoir perdu l'odorat et 88% avoir perdu le goût. Un symptôme significatif pour lequel une rééducation est ainsi nécessaire pour pouvoir profiter de nouveau de l'odeur et du goût des choses.
Mais comment rééduquer son nez et ses papilles ? Le goût - ou du moins la saveur des aliments puisque c'est ce que les malades de la Covid perdent le plus souvent - étant lié à l'odorat, il convient de réapprendre à sentir les choses et il n'y a pas 36 solutions : l'entrainement olfactif est la clé pour retrouver ses sens perdus. Pour rééduquer son nez, il vous suffit de suivre les conseils de rééducation de la Société française d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la face et du cou, à savoir de stimuler votre odorat plusieurs fois par jour, avec divers flacons de produits étiquetés que vous pouvez trouver en grande surface. Des flacons de vanille, d'aneth, de café ou de thym devraient vous aider à exercer votre nez.
On peut également essayer avec de la cannelle, des clous de girofle, de la menthe ou encore de la coriandre. À défaut de trouver ces épices et autres herbes, on peut aussi opter pour les huiles essentielles (lavande, orange, tea tree, etc.). On peut également essayer le vinaigre, à la condition qu'il soir léger pour éviter de s'abîmer le nez. Avant de sentir les produits cités ci-dessus, il vous est recommandé de lire l'étiquette avant de sentir le produit, "pour donner le temps au système sensoriel d’associer les deux informations".
Le kit de formation de l'institut des sciences de la vigne et du vin, une autre solution pour retrouver l'odorat
Et sinon, l'institut des sciences de la vigne et du vin propose dès à présent un kit de formation, à l'origine prévu pour ses étudiants, et désormais à disposition du grand public. Ce kit de rééducation a été imaginé, comme l'expliquent nos confrères de France 3, par Sophie Tempere, docteur en neurosciences et enseignante-chercheuse à l'Institut des Sciences de la Vigne et du Vin. On y trouve "un livret détaillant tous les exercices à faire et ils sont multiples", qui "permet aussi le suivi journalier de nos perceptions et de l’évolution de nos perceptions", explique-t-elle. Et de poursuivre : "dans ce kit on a aussi des diffuseurs d’odeurs. On a quatre odeurs sur lesquelles on va s’entraîner quotidiennement. Il y a différents supports : des stylos ou des diffuseurs électriques".
Un kit également adapté pour le grand public "qui ne dispose pas forcément de ce type de support, pas de souci, dans notre quotidien on a la possibilité de trouver des odorants qu’on va sentir tous les jours", ajoute-t-elle. Elle continue : "Nous, on conseille les huiles essentielles". Concernant les exercices, deux types sont proposés : "l’un avec les odorants que l’on va sentir quotidiennement", indique la chercheuse, qui précise que "le fait de le sentir quotidiennement (…) va avoir une influence au niveau physiologique, neurophysiologique et cognitif. On sait qu’il y a un impact fort avec ce geste simple qui est de sentir". L'autre permet de travailler l’imagerie mentale olfactive : "là, on n’a pas besoin d’odorants. On donne simplement des conseils pour imaginer quotidiennement des odeurs", explique-t-elle.
Autre solution pour retrouver le sens de l'odorat, la rééducation olfactive à base d'huiles essentielles. À défaut de vous lâcher dans la nature en vous laissant vous rééduquer sans être sûr de ne pas faire n'importe quoi, l'association met à disposition, sur son site, gratuitement un protocole de rééducation olfactive. Pendant seize semaines, vous êtes ainsi invité à suivre un protocole strict, avec quatre huiles essentielles à sentir (géranium, clou de girofle, eucalyptus et citron), deux fois par jour.
Grâce à un site internet également, Covidanosmie, lancé en janvier dernier, vous pouvez suivre vos progrès en temps réel, l'objectif étant également de réaliser une évaluation clinique des résultats rapportés. "Quand on devient anosmique, on s'aperçoit qu'il n'y a aucune solution", explique ainsi Jean-Michel Maillard, le président de l'association, anosmique depuis un accident. Et de poursuivre : "Il y a un vide médical, un vide sociétal, un vide scientifique. Ce sens a été mis de côté. On n'a pas fait le même travail que sur la vue ou l'audition avec tous ces appareils que l'on peut fournir aux gens aujourd'hui pour les accompagner dans leurs troubles. Pour l'odorat il n'y a absolument rien".
À noter que si ces symptômes sont aigus, il est préférable de consulter un ORL, spécialisé en rhinologie, avant toute démarche de rééducation.