Confinement ou couvre-feu : quelles conséquences sur notre santé mentale ?

Par · Publié le 12 février 2021 à 11h23
À l'heure de la crise sanitaire et économique liée à l'épidémie du Covid-19, les annonces de nouvelles restrictions comme la mise en place d'un couvre-feu ou d'un confinement sont devenues tristement ordinaires. Seulement, les médecins et psychologues affirment que les deux scénarios de lutte contre la propagation du virus n'ont pas le même impact sur notre psychologie. Décryptage.

 Entre le couvre-feu et le confinement, les psychologues ont fait leur choix. Interrogés par Le Point, des psychologues, psychiatres et chercheurs s'accordent sur le fait que le couvre-feu est moins nocif sur notre santé mentale que le confinement. On rappelle que la mesure restrictive, qui interdit les déplacements et les sorties du domicile entre 18h et 6h, est instaurée en France depuis le 14 janvier 2021.

Selon les médecins, "au printemps dernier, tout était mélangé, temps, espace, lieu de vie et de travail, famille, boulot, les personnes seules ont manqué de lien social, les familles ont dû apprendre à vivre ensemble 24 heures sur 24 alors que le couvre-feu permet de maintenir les espaces". Ils expliquent au Point qu'aujourd'hui, "les enfants vont à l'école, par exemple", ce qui permettrait aux parents de souffler un peu, au moins pendant la journée.

Si l'on écoute les psychologues experts, mettre de la distance avec ses proches, même ses enfants, semble être une solution viable pour préserver une bonne santé mentale par temps de crise sanitaire. Et le couvre-feu, la mesure restrictive idoine. Pourtant, l'avancement du couvre-feu à 18h ne rime toujours pas avec sérénité psychologique. Depuis son instauration, "les états anxieux et dépressifs ainsi que les problèmes de sommeil se maintiennent à un niveau élevé", comme le confirme l'enquête de Santé publique France réalisée entre le 18 et 20 janvier 2021. 

Confinement ou couvre-feu, du pareil au même ? 

Par ailleurs, d'autres experts sont convaincus que le couvre-feu n'est qu'une maigre compensation pour notre bien-être psychique. "Il y a un effet pervers au couvre-feu qui nous donne l'illusion de la normalité mais exclut la sociabilité" témoigne au Point Jean Pralong, professeur de gestion des ressources humaines à l'EM Normandie. L'enseignant-chercheur poursuit en affirmant que "la sociabilité au travail, c'est tout ce qui permet de lutter contre les formes de la dépression, retrouver des gens au déjeuner ou pour un verre, raisonner en collectif, relativiser ces tracas aussi". 

Sauf que la décision d'un confinement ou d'un couvre-feu à instaurer, bien qu'à l'origine de nombreux débats dans le cadre famililal, revient à nos représentants, au premier rang duquel le gouvernement. Pourtant, si les Français ne peuvent avoir véritablement le dernier mot décisionnel, le ministre de la Santé Olivier Véran rappelle régulièrement qu'ils ont un rôle fondamental dans la lutte contre la propagation du virus : " si notre action porte ses fruits, aujourd'hui elle porte un certain nombre de fruits, alors nous ferons reculer cette échéance. Viendront ensuite des jours meilleurs, printaniers" concluait le ministre au micro de Franceinfo ce mardi 9 février 2021. 

Pour la psychiatre parisienne Anne Sénéquier, contacté par Le Point, même si le pire scénario du confinement a été évité les citoyens portent plus que jamais un poids moral sur leurs épaules. "Il n'y a pas de confinement, certes, mais la responsabilité de l'augmentation des chiffres pèse sur l'esprit des Français". En ce sens, Pierre, 30 ans, cadre en entreprise, nous confie ne même plus savoir que choisir entre les deux solutions proposées par le gouvernement. "On ne sait même plus ce qu'il faut respecter, à vrai dire je ne sais pas ce qui est le pire entre le confinement et le couvre-feu. Dans tous les cas on en a marre du contexte sanitaire global" souligne-t-il. 


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