Les Jeux Olympiques de Paris 2024 approchent, et avec eux, la préparation des athlètes olympiques s'intensifie de mois en mois, pour être prêts à récupérer le maximum de médailles du 26 juillet au 11 août 2024. Nous avons choisi de rencontrer une dizaine de sportifs français, déjà qualifiés ou qui tenteront de décrocher leur qualification durant les derniers mois avant la compétition, pour vous faire découvrir leur passion et leur univers ! Une occasion d'en savoir plus sur certaines disciplines moins connues du grand public ou ajoutées récemment au programme olympique, et de soutenir les athlètes qui vous auront touché !
Pour la quatrième interview de cette série, nous sommes partis à la rencontre de Pauline Ranvier, qui a évoqué son sport, l'escrime, ses espoirs et ses attentes pour les Jeux de Paris 2024, au micro de Sortir à Paris. Membre de l'Équipe de France de fleuret, elle est entre autres vice-championne olympique à Tokyo par équipe et a commencé l'escrime vers l'âge de 10 ans dans la capitale.
Jeux olympiques et paralympiques 2024 : programme des épreuves, histoire, tout savoir sur l'escrime
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C'est un sport de combat, avec trois armes : le fleuret, l'épée et le sabre. Elles sont différentes, tout comme la surface valable, par exemple au fleuret, on peut toucher le tronc sans les bras ni les jambes, alors qu'au sabre, ça va être au-dessus de la ceinture, parce qu'à l'époque, on ne devait pas tuer le cheval. À l'épée par contre, c'est tout le corps. Au fleuret et à l'épée, on va toucher avec la pointe de la lame alors qu'au sabre, c'est avec le tranchant.
Dernier point plus complexe au niveau de l'arbitrage, l'épée, le premier qui touche a raison, si les deux touchent, les deux ont le point, tandis qu'au fleuret et au sabre, c'est une arme de convention donc il y a une question de priorité.
C'est l'arme de base, qu'on apprend à l'école. Moi, j'ai commencé en CE1-CE2 et c'était le fleuret qui était proposé. Après, je me suis inscrite dans un club qui pratiquait aussi le fleuret donc naturellement, je me suis dirigée vers ça. Souvent, c'est le club qui donne un peu le lead de l'arme qu'on va choisir et après, on peut changer si on le souhaite.
En escrime, on fait des phases préliminaires, qui sont des phases de poule où on fait des assauts, des matchs, en 5 touches ou en 3 minutes. À l'issue de ça, il y a un tableau de matchs à élimination directe, qui sont en 15 touches ou en 3x3 minutes, avec une pause d'une minute. Donc si à la fin des 9 minutes, on n'est pas arrivé à 15, celui qui est devant l'emporte. S'il y a une égalité de score, on fait une mort subite avec une priorité, le tireur a une minute pour mettre une touche à l'autre.
C'est un peu complexe, parce que ça a commencé fin avril 2023. Dans un premier temps, on va devoir qualifier l'équipe, qui va pouvoir participer aux Jeux, et une fois qu'elle est qualifiée, ce sont les tireurs qui vont être sélectionnés. Donc nous, notre équipe est en très bonne voie puisqu'on a déjà commencé la qualification avec un titre de vice-championnes d'Europe et du monde, donc on est très bien engagées. Et là, notre sélection individuelle commence en décembre (2023) jusque fin mars où on va avoir des épreuves de Coupe du monde sélectives.
On est un peu habitués, entre les Coupes du monde, les Championnats du monde tous les ans et les Jeux olympiques, aujourd'hui, j'ai l'habitude. J'ai 29 ans, donc je commence à savoir comment ça marche, je sais qu'il y a beaucoup d'étapes avant les Jeux de Paris, qualifier officiellement l'équipe, et ne pas attendre la performance, faire ce qu'on fait au quotidien et essayer de faire les perfs les plus régulières possible.
Évidemment, le collectif est très important chez nous parce que d'abord, on qualifie l'équipe et après le quota individuel. Donc, oui, l'équipe de France tient particulièrement à cette notion d'équipe, on s'entraîne ensemble, on vibre ensemble, nos médailles par équipe sont super importantes !
Elles vont se dérouler au Grand Palais, ça va juste être incroyable. Personnellement, en 2010, il y avait les Championnats du monde d'escrime là-bas, j'étais toute jeune et j'ai eu la chance de pouvoir assister à cette épreuve, donc imaginer tirer sous cette verrière, c'est juste fou !
C'est au pluriel parce qu'aujourd'hui, l'escrime s'est vachement développée. Donc clairement, les meilleures au fleuret, ce sont les Italiennes, les Américaines, on a aussi le Japon qui est un pays dans le top 4, le Canada... Après, nous aussi, on fait partie du gratin mondial, donc ça va bien se batailler !
Pas grand-chose dans le sens où ça reste des Jeux Olympiques. Par contre, plus on va se rapprocher de l'événement, plus je pense, parce que c'est quand même nouveau, qu'on va sentir quelque chose de différent. On va avoir plus de médiatisation, tout va prendre une ampleur, même la vie à Paris va être différente, donc il va falloir se blinder, se maintenir en forme et pas trop proches de toute cette émulation !
Alors, la vraie différence, c'est cette notion de contact. On n'a pas de contact à mains nues avec notre adversaire, on a une certaine distance de par le fait de porter une arme. Et en plus d'être masqué, donc on n'a pas ce regard perçant qui nous éloigne un peu d'un vrai combat rapproché.
Elle a commencé sans que je ne le sache quand j'avais 4 ans, quand mes parents m'ont emmenée voir "Le masque de Zorro" au cinéma, qui était un film un peu violent pour une petite fille, mais qui m'a fait tomber amoureuse de ce sport. J'ai commencé à être fan de Zorro et c'est par lui que j'ai voulu commencer l'escrime. À l'école, j'avais la possibilité de tester un sport et je me suis dit, pourquoi pas et de fil en aiguille, me voilà ici !
Ça m'a construit en tant que personne et en tant qu'athlète. Très jeune, on fait face à des échecs et à des réussites, on voyage, j'ai quitté mes parents à 16 ans, je suis partie à Aix-en-Provence pendant trois ans. Donc, pour moi, c'est une sorte d'élixir de vie, j'ai l'impression d'avoir eu une vie un peu en accéléré pendant dix ans, de tout ce qu'on peut ressentir quand on est jeune. Ça m'a apporté de la confiance en moi, de la rigueur, de la joie, des moments extraordinaires, des rencontres, donc vraiment énormément de choses !
Quand j'étais petite, j'ai eu la chance d'aller au CIP, qui est un tournoi de fleuret masculin qui maintenant est mixte, et je voyais Brice Guyart, champion olympique en 2000 et 2004, et c'était lui qui à l'époque m'inspirait. Mais aujourd'hui, c'est aussi des figures comme Martin Fourcade, Novak Djokovic, des grandes figures du sport qui m'inspirent de par leur régularité, leur ténacité et cette passion qui les pousse à être performants au quotidien.
C'est celui où j'ai commencé l'escrime, c'est un tout petit club qui s'appelle Paris Suffren (15e). Et pour l'anecdote, c'est un club qui se situe au stade Emile Anthoine (7e) donc juste en dessous de la Tour Eiffel. Je me sentais tellement privilégiée quand j'allais m'échauffer de l'avoir au-dessus de moi, c'était incroyable. Ça a été mon club pendant pas mal d'années, et j'ai dû le quitter pour rentrer dans le haut niveau avec celui de Melun Val de Seine. Qui est tout aussi une belle famille et mon maître d'armes, qui est décédé il y a quelques années m'a vraiment tout appris, donc c'est vraiment mon club de cœur.
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Je pense que tous les jeunes ont essayé de jouer avec un bâton ou une épée pour toucher leurs copains à l'école, alors quand on met un masque et quand on a une arme dans les mains, c'est encore plus jouissif d'essayer ce sport ! Il nous apporte énormément, il donne confiance et des valeurs du sport, donc au lieu d'essayer de jouer dans la cour de récré, essayez en vrai, c'est plus rigolo (en club évidemment !).
Je suis pas sûre qu'au niveau de l'escrime, on ait atteint ce qu'il fallait, parce qu'aujourd'hui les films qui parlent d'escrime sont quand même style "moyenâgeux" et qu'on est encore très loin de la pratique sportive. Donc c'est super parce qu'on le montre sous différents angles, mais ça reste de l'escrime pour tuer, de base, mais on oublie ce côté jeu et sport que nous, on pratique. C'est top qu'il y ait plein de films, en revanche, ce serait bien d'exagérer ce côté sportif dans des films un peu plus modernes et pas qui datent de l'époque des mousquetaires.
C'est vrai que j'ai toujours voulu le faire en version femmes vu qu'aujourd'hui, on représente l'escrime à travers des images masculines. Mais non, ce n'est pas difficile en tant que femme, mais dans l'image globale, on reste sur l'escrime dédiée aux hommes parce que ce sont eux qui tuaient. Heureusement, dans notre sport, c'est très mixte, mais pour le commun des mortels, ça reste assez masculin dans l'idée globale.
Je pense que le travail paie et je crois en mes rêves, donc je me dis qu'avec du travail, de la passion et de l'envie, on peut aller très loin !
Ce que j'ai envie de dire aux Parisiens, comme tout Parisien et moi la première, on aime bien râler et c'est vrai que les Jeux de Paris, ça va être compliqué dans un certain sens mais il faut penser au côté positif de la chose et aux émotions qu'on va pouvoir vivre à travers cet événement. Ça va juste être incroyable, c'est une fois dans la vie de quelqu'un qu'on peut vivre des Jeux Olympiques à domicile et pouvoir suivre les Français à travers différents sports, les encourager jusqu'au bout, il faut vraiment kiffer à fond et après, on pourra râler des petits soucis !
J'ai grandi à Paris donc j'ai beaucoup de lieux iconiques que j'aime, mais je suis particulièrement attachée au 15e arrondissement. Marcher le long des quais, sur les ponts, voir en même temps la Statue de la Liberté et la Tour Eiffel, pour moi, ça reste unique ! J'aime bien faire du roller, donc quand je décide de me balader, je vais sur les quais de Seine en partant du 15e jusqu'à après Notre-Dame et je redécouvre Paris à chaque instant, ses monuments, les Parisiens, et c'est ça que j'adore. Pour moi, le petit plus dans Paris, c'est by night, la Ville Lumière porte vraiment bien son nom ! J'ai beau vivre là depuis quasi 30 ans, à chaque fois, je suis émerveillée devant cette ville la nuit.
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