Le célèbre journaliste, Pierre Ménès, présent notamment sur RTL et Canal +, a eu la gentillesse d'accorder une interview à PlanètePSG. Sans langue de bois comme à son habitude, il a réagi à l'actualité et nous a livré sa vision du football. Dans le deuxième volet de cet entretien, qui en comporte trois, il évoque l'Equipe de France, la Ligue 1 et son amour du football...
Concernant l'Equipe de France, on vous sent mitigé dans vos prises de position. Que pensez-vous notamment de Raymond Domenech ?
P.M : "J'ai juste en fait ras-le-bol que chaque rassemblement de l'Equipe de France se transforme en chasse à l'homme et en foires à "il faut tuer Raymond". Et je suis très étonné que personne ne s'offusque que ça pouvait nuire aux joueurs de l'Equipe de France eux-mêmes. Et notamment à ceux qui sont plus ou moins débutants. Parce-que l'ambiance qui est créée autour de Raymond Domenech forme une sorte de chape de plomb autour de l'Equipe de France qui est nuisible aux plus jeunes joueurs ! Moi personnellement, je me fous du cas de Raymond Domenech, je veux juste que la France aille à la Coupe du Monde".
Se pose alors le problème de l'absence de cadres dans cette équipe
P.M : "Ben le seul cadre de cette sélection c'est Thierry Henry et Gallas est incapable d'avoir ce rôle. Il suffit de voir les joueurs qui composaient cette équipe en 2006 pour s'apercevoir que remplacer Barthez, Thuram, Sagnol, Makelele, Zidane et Vieira, ce n'est pas de la tarte !"
Vous venez de citer Vieira dans les cadres à remplacer. Vous jugez donc que ça va être difficile pour lui de revenir ?
P.M : "Là, ça va un peu mieux pour lui, il commence à rejouer, il a marqué un joli but l'autre jour. Mais là les deux autres matches qui nous attendent en barrages, ce ne sont pas des matches pour faire des essais ou pour remettre un joueur dans le bain. Mais si la France se qualifie pour le Mondial, il faudra voir à ce moment-là si Patrick Vieira peut revenir à son meilleur niveau. S'il réussit, il n'aura pas d'adversaires à sa taille".
Mais au-delà de ses performances, ne croyez-vous pas qu'il y a un problème entre Vieira et Domenech ?
P.M : "Je ne pense pas que Patrick ait énormément apprécié de ne pas être appelé dernièrement. Maintenant, si Domenech pense qu'il est apte, je pense qu'il l'appellera. Il n'y a pas de cassure à mon avis".
Revenons au cas Domenech. Le traitement médiatique autour de lui n'est-il pas le pire qu'un sélectionneur ait vécu ?
P.M : "Incontestablement, pire que tout. Même à l'époque de Jacquet, on ne l'avait jamais traité d'imbécile, de tordu… Mais bon Domenech le cherche un peu aussi. Il a fait, pour moi, des fautes majeures au niveau de la communication mais il faut aussi être objectif vis-à-vis de cette équipe de France. Il y a beaucoup de jeunes à intégrer et ce n'est pas en un claquement de doigts qu'on devient international".
Et concernant l'avenir, qui voyez-vous intégrer l'Equipe de France ?
P.M : "Je pense qu'après la Coupe du Monde, on verra des joueurs comme Mamadou Sakho, Adil Rami… Je suis très impatient de voir Abou Diaby au milieu de terrain. J'aime beaucoup Loïc Rémy de Nice…".
Parlons maintenant de la Ligue 1. Vous étiez très critiques, à juste titre, il y a deux, trois saisons sur le niveau de notre championnat. Revoyez-vous votre position cette saison ?
P.M : "Depuis qu'il y a un match à trois au sommet entre Lyon, Bordeaux et Marseille, je pense que le championnat y a gagné en crédibilité. On voit d'ailleurs que le parcours de ces équipes en Ligue des Champions est globalement positif. Il y a donc un progrès. Ce sont trois équipes qui pratiquent un football offensif. Mais ce ne sont pas les seules puisque derrière, il y en a qui surprennent comme Valenciennes, Lorient, voire même Sochaux. Ces clubs ont des moyens moindres mais pratiquent un football attrayant. Et on remarque d'un autre côté que les bétonneurs, au bout d'un moment, ça ne marche pas comme l'exemple de Nancy qui a failli descendre la saison dernière. Grenoble aussi, qui s'est maintenu en bétonnant et en ayant un peu de réussite mais n'a pas pris un point cette saison. Et Toulouse doit faire attention car on a bien vu que quand Gignac ne marquait pas, ce club est en difficulté. Moi, je fais partie de ceux qui veulent voir du jeu, quelque soit le résultat. Je préfèrerai voir par exemple toujours plus Barcelone que Chelsea".
Parlons maintenant brièvement du monde de l'arbitrage français. Est-il malsain ?
P.M : "Oui c'est le mot. Il suffit d'entendre parler les arbitres hors micro pour voir à quel point ils se détestent, à quel point il y a des rivalités entre eux. Evidemment, cela nuit à la qualité de l'arbitrage. Car c'est la promotion plutôt des petits copains et pas forcément des meilleurs".
Quels modèles de football vous séduisent le plus ?
P.M : "Je me suis mis à aimer l'Angleterre parce-que c'est là où j'ai vu les plus beaux matches, les plus spectaculaires. C'est là aussi où il y avait les meilleurs attaquants d'Europe. Aujourd'hui, ils sont un peu plus dispatchés. Mais il fut un temps, à l'époque de Zidane, Ronaldo, où le championnat italien était le meilleur du monde, je l'avoue. Je ne suis pas ancré dans une position permanente. Mais force est de constater que le championnat anglais est le meilleur aujourd'hui, et on le voit au niveau des résultats européens. Pour ce qui est de ma tactique préférée, c'est le 4-4-2. Maintenant, un 4-3-3 à la Barcelone est évidemment intéressant. Mais pour utiliser ce système, il faut avoir à sa disposition les joueurs adéquats. Je ne suis pas de toute manière adepte d'une tactique "au chausse pied"".
Quels joueurs vous ont réellement fait rêver ?
P.M : "Evidemment j'y reviens mais le numéro 1, c'est Safet Susic. C'est mon joueur ! Puis, j'ai adoré Ronaldinho, Ronaldo, le Brésilien, puis tout le monde le sait mais mon joueur préféré aujourd'hui, c'est Thierry Henry !"
Et quels stades vous ont le plus impressionné ?
P.M : "Anfield tout d'abord pour l'ambiance. Notamment pour le quart de finale en 2005 contre la Juventus, où il y avait eu la commémoration du drame du Haysel. Mais également lors de la demi-finale la même année face à Chelsea. C'était impressionnant ! Mais sinon la plus grosse ambiance que j'ai vécue, c'était lors d'un match d'un Coupe des Coupes avec le PSG à Istanbul face à Galatasaray en 1996 (NDLR : C'était un huitième de finale en octobre 1996 avec défaite 4-2 en Turquie et victoire 4-0 au Parc, au retour). Il y avait une telle ambiance en Turquie qu'on était prêts à demander à ce que ça s'arrête !".
» Retrouvez la troisième partie de cet entretien ce samedi
Nous remercions sincèrement Pierre Menès pour sa disponibilité et sa franchise. Pour lire son blog : Cliquez ici Interview réalisée par Ted75 en exclusivité pour PlanetePSG