Fermeture des salles de sport à Paris : en colère, les professionnels s'adaptent tant bien que mal

Par · Photos par · Publié le 24 septembre 2020 à 20h42
Avec les nouvelles restrictions annoncées par Olivier Véran pour lutter contre la propagation du Covid-19, les salles de sport doivent fermer leurs portes samedi 26 ou lundi 28 septembre 2020. Seulement quelques mois après avoir rouvert, les patrons d'enseignes et autres acteurs du secteur tanguent entre sidération et résignation. Entretien avec Nicolas François, co-fondateur des salles d'escalade Blast.

"Un peu en colère, on ne s'y attendait pas du tout". Voilà comment Nicolas François, co-fondateur de l'enseigne des salles d'escalade Blast, décrit son ressenti après l'annonce de la fermeture des salles de sport précisée par le ministre de la Santé Olivier Véran. Des mesures restrictives strictes prises afin de freiner la propagation inquiétante du coronavirus dans les "nouvelles zones d'alerte renforcée", et qui doivent entrer en vigueur à Paris et dans les départements de la petite couronne soit dès samedi 26 septembre, soit à partir de lundi 28 septembre 2020. 

D'ailleurs, la fermeture de toutes les salles de sport a également été prononcée dans les onze métropoles situées dans les zones "rouges" de la nouvelle carte de France Covid-19. Forcément, comme dit le proverbe, "ordre et contre-ordre, c'est désordre". Sauf que pour le patron de l'enseigne Blast, salle d'escalade à Pantin, peu importe la situation "pour les clients, on va le faire". S'il se résigne à fermer les portes de sa salle de sport, c'est avant tout "pour la sécurité de (ses) clients et la sécurité de tout le monde" indique le co-fondateur du lieu ouvert depuis un peu plus d'un an seulement. D'ailleurs, le gérant ne peut s'empêcher de considérer que les miscellanées des indications gouvernementales ne jouent pas vraiment en sa faveur. "On sent que ce n’est pas clair", souligne-t-il. 

Et pour cause, le bilan post-Covid est lourdement entaché par les fermetures / réouvertures, à l'image de quasiment tous les autres acteurs du secteur. Par rapport aux mois précédant l'épidémie et au bilan 2019, le patron a enregistré une baisse de fréquentation de -50%. Pis, tandis que "l'activité repartait à peine, là on nous replombe, c'est presque un suicide collectif" admet le gérant, dépité. Des inquiétudes, mais pas de couteau sous la gorge : "on est confiant et solides financièrement". Aussi, c'est bien sûr sur l'aspect financier que Nicolas François appelle au soutien. Les fermetures à répétition représentent "beaucoup d'argent, on a besoin d'aide", invoque-t-il. 

En effet, si le patron de Blast s’estime "chanceux d'avoir un bailleur compréhensif", il sait que ce n'est pas forcément le cas de ses concurrents, en particulier pour les grandes enseignes de fitness et salles de sport dont les loyers sont exorbitants. Précisément, "entre les charges fixes, les loyers, les charges d'électricité, des salariés", difficile de joindre les deux bouts. Les aides de l'État et autres PGE (prêts garantis par l'État) ? "Il faudrait transférer les PGE en capitaux propres, ils deviennent indécents. On nous a donné des centaines de milliers d'euros, mais il faut alléger le taux d'endettement". Pour l'instant, il s'efforce de "ne pas utiliser cet argent, on sait qu'on va devoir les rembourser. Ce sont des aides en trompe l'œil", avance-t-il. Avant de continuer à prévoir le pire : "on survit maintenant, mais demain, quand il va être question de rembourser... Ça décale juste les faillites". 

Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir déjà anticipé le pire. Sur les nouvelles formules d'abonnement, pour la plupart renouvelées à la rentrée 2020, "nous sommes très souples là-dessus, on a déjà prévu le coup, les abonnements mensuels et annuels sont stoppés nets, les clients peuvent les décaler sur 18 mois sous forme d'avoir" affirme-t-il. Heureusement, certains clients compréhensifs "ne veulent pas être remboursés" et continuent de les soutenir. "Qu'on nous aide !" conclut le dirigeant, dans un ultime appel à l'aide. Pour l'heure, les élus locaux et les autorités sanitaires doivent définir avant samedi l'application des mesures en fonction des secteurs d'activité. Peu de chances de voir les mesures concernant les salles de sport assouplies... 

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