Si Jérôme Alonzo a été poussé vers la sortie par la direction parisienne, qui lui avait refusé une prolongation de contrat malgré ses signifiants appels du pied, on ne peux pas vraiment dire que le gardien en a gardé beaucoup de rancune. Distillé dans la longueur d’un entretien fleuve accordé à Maxifoot, il laisse transpirer sa passion, ses souvenirs, mais aussi ses regrets pour le club de son cœur : Paris.
D’abord, le club est resté son favori, même si une autre légende du football hexagonal l’accompagne : "Mon club de foot préféré ? Sans langue de bois, je vais te dire le Paris Saint-Germain et Saint-Etienne." Toutefois l’entraîneur qui a le plus marqué sa carrière est un parisien : "Il y a Vahid Halilhodzic. Au-delà du personnage que l'on connaît tous, je garde de merveilleux souvenirs de son passage au Paris Saint-Germain. C'est avec lui que j'ai connu ma meilleure période."
Ses meilleurs souvenirs de ballons ronds sont également associés à Paris : "La victoire avec le Paris Saint-Germain à Marseille, 1-0, avec un but de Fabrice Fiorèse dans les arrêts de jeu. C'était en novembre 2003." Tout comme le pire, d’ailleurs : "C’était mon dernier match avec le Paris Saint-Germain, en Coupe de France, quand on perd contre Lyon." Il a aussi côtoyé au Camp des Loges le meilleur joueur de football de sa pourtant très longue carrière : "Sans contestation possible, il s’agit de Ronaldinho !"
J’ai refusé de lécher des culs…
Très impliqué dans la lutte contre le racisme, il a profité de l’occasion pour rappeler que le public du Parc des Princes avait parfois bon dos : "C’est un problème général. Les problèmes de racisme, ce n'est pas qu'à Paris ! Bon, je prêche un peu pour ma paroisse, mais durant toute ma carrière, dans tous les stades, même parfois les plus improbables, j'ai entendu ou vu des choses hallucinantes. Aujourd'hui, c'est un travail de fourmi, mais qui finira par payer à la longue j'espère."
Pourtant, à l’heure de jouer au pronostiqueur, l’ineffable Alonzo perd tous ses reflexes de supporter pour un vote bien raisonnable, d’où le PSG est curieusement absent : "En un, je vois Bordeaux. En deux, Marseille. Et en trois, Lyon. Je pense qu'ils vont se reprendre. Ils ont l'effectif et la qualité pour se sortir de cette mauvaise passe et remonter la pente."
Est-ce le résultat d’un léger ressentiment à l’égard de la direction actuelle ? On peut le craindre au moment de l’écouter confesser le plus mauvais souvenir de sa vie : "Ma plus grosse connerie, je ne l'ai pas faite étant gamin. C'était lorsque que j'étais à Paris. Je n'ai pas été assez consensuel on va dire… En fait, j'ai refusé de lécher quelques culs au PSG on va dire vulgairement…A l'époque, je n'ai pas voulu cirer quelques pompes pour rester. J'aurais dû. Je le regrette aujourd'hui. J'en ai été très malheureux à l'époque." Et de conclure, la voix soudain enrouée par l’émotion : "Le PSG me manque beaucoup à l'heure actuelle…"
Aussi fantasque qu’il soit, nul doute que Jérôme Alonzo manque beaucoup au PSG, à qui il aura laissé le souvenir d’un joueur intense et attachant. Celui d’un homme qui donnait tout aux couleurs qu’il portait, et qui a fait adopter au Parc l’un des styles de jeu les moins académiques d’une Ligue 1 pourtant bien aseptisée…