Dans un entretien accordé ce vendredi au Parisien, Brice Hortefeux explique sa volonté d’aller plus loin dans la lutte contre la violence dans le football. Ainsi, il veut s’inspirer du récent non-déplacement des supporters parisiens pour y arriver.
Décidé à faire cesser toutes les formes de violences dans le football, Brice Hortefeux se dit déterminé "à employer la manière forte" pour que le football redevienne une fête. Le Ministre de l’Intérieur reconnaît que le dispositif de sécurité est parfois dépassé, notamment lors du dernier PSG-OM, mais il compte bien aller plus loin dans la répression. "On était sur un dispositif d’ordre public, il n’est peut-être pas encore assez adapté à ce style de débordements. Mais nous allons être de plus en plus sévères. Des consignes ont été données pour procéder systématiquement à des interpellations." Pour cela, une cellule spécifique vient d’être créée. "On vient de créer une division de lutte contre le hooliganisme. Ensuite, nous renforçons les effectifs mobilisés. Lors de PSG - OM, 2 250 hommes étaient sur le terrain. J’ai décidé d’envoyer prochainement une mission, en liaison avec la Ligue et les principaux clubs, pour examiner ce qui se passe en Italie, en Allemagne et en Grande-Bretagne. On verra s’il y a des leçons à tirer. Enfin, j’ai donné des instructions précises aux préfets pour qu’ils puissent multiplier les interdictions de stade (IDS)", a-t-il détaillé.
La violence ne cessant d’augmenter, le Ministre a tenu à préciser que Paris n’était le seul club coutumier du fait. "Depuis le début de la saison, il y a eu 531 interpellations, soit 32 % de plus que la saison précédente. Grâce à la toute nouvelle loi sur les bandes, il est possible de procéder à une IDS pour un seul fait. En outre, la loi nous permet désormais de suspendre ou de dissoudre des associations de supporteurs. Nous y travaillons activement. Nous allons passer à l’acte et pas seulement à Paris", a-t-il averti, ferme.
En ce qui concerne le PSG, Brice Hortefeux a estimé que le dispositif mis en place pour Lens-PSG qui empêchait tout supporter de se rendre au stade avait été efficace. "Le bon exemple est Lens - PSG. Tout était bien coordonné en amont avec le PSG, et il n’y a pas eu d’incidents grâce au dispositif inédit." Cela dit, actuellement, la loi actuelle ne permet pas de restreindre les déplacements de supporters. La sécurité mise en place pour le match Lens-PSG n’a donc pas respecté ladite loi. Cependant, une évolution devrait voir le jour pour la saison prochaine. "Dans l’état actuel du droit, je ne peux pas interdire à des supporteurs de se déplacer. J’ai demandé à mes services de me faire des propositions pour que, par un biais législatif, nous puissions le faire. Evidemment, ce sera limité dans le temps et dans des cas très précis de risque grave de trouble à l’ordre public. Cette loi pourrait être promulguée à l’automne", a-t-il espéré. L’ancien Ministre de l’Immigration est, d’ailleurs, favorable à ce que le club parisien ne vende pas de billets à ses supporters pour les déplacements, tant que les conflits internes ne sont pas résolus.
L’homme de 51 ans, persuadé que la sanction du huis-clos a une valeur dissuasive, n’hésitera pas à y avoir recours, mais seulement en cas d’obligation. "S’il faut en arriver à jouer des matchs devant des tribunes vides, on le fera. Cela permet d’assainir la situation. C’est aussi un signe fort. Il est important que des sanctions sportives soient prises parallèlement aux mesures de l’Etat." En somme, il serait probable que des retraits de points soient exercés sur les clubs dont les supporters se tiennent mal. Face à toutes les mesures évoquées, il convient de trouver la meilleure solution pour que le football reste festif et que la sécurité soit assurée, mais sans pour autant voir tous les supporters comme délinquants potentiels.