Si tu ne peux pas aller en Islande, alors l'Islande vient à toi. Voilà déjà plus de 25 ans que Sigur Rós nous comble de bonheur avec son post rock atmosphérique et planant qui nous embarque tout droit au pays des elfes, des volcans et des geysers. Ce lundi 3 juillet 2023, Sigur Rós donnait un concert exceptionnel à la Philharmonie de Paris dans le cadre de la nouvelle édition de Days Off.
Comme tous les ans, ce festival parisien propose des créations uniques, à l'instar de ce concert des Islandais. Entourés pour l'occasion du London Contemporary Orchestra, les Nordiques - aujourd'hui composés de Jónsi, Georg Hólm et Kjartan Sveinsson (suite au départ de Orri Páll Dýrason en 2022) - sont venus présenter à Paris leur nouvel opus. Baptisé "Átta", ce 8e disque est attendu le 1er septembre prochain, et fait ainsi suite à l'excellent "Kveikur" sorti en 2013. Les Islandais nous auront donc fait patienter 10 ans avant de produire une nouvelle galette. Mais les premiers singles dévoilés et les morceaux présentés en live ce soir-là à Paris par le groupe nous montrent que l'attente en valait la peine.
Côté scène, Sigur Rós s'est fait moins discret en proposant entre autres un show au Grand Rex en 2017, mais aussi deux concerts à domicile, à la Harpa à Reykjavik la même année, sans oublier deux incroyables performances au Zénith de la Villette à l'automne 2022. Mais cette fois-ci, pour leur nouvelle tournée, les Nordiques innovent en s'entourant - pour une poignée de dates seulement - d’un orchestre philharmonique. Une idée que l’on applaudit vivement. Car, si plusieurs groupes de rock ont osé se frotter à cet exercice, à l'instar de Metallica, The Who, Kiss ou encore Scorpions, ils sont encore trop peu à notre goût.
Désormais, on peut donc ajouter à cette liste les Islandais de Sigur Rós. Pour cette grande première et afin d’offrir aux très nombreux fans présents ce lundi soir une performance sublime, aérienne, transcendante et incroyablement émouvante, le groupe avait donc choisi de faire appel au London Contemporary Orchestra, dirigé de main de maître par le britannique Rob Ames, et qui collabore d’ailleurs au dernier opus de la formation nordique.
Lovés au cœur de l’orchestre et placés au centre de l'immense scène de la salle Pierre Boulez, les Islandais ont déboulé sur scène à 20h pétante. Et il ne leur faut pas longtemps pour nous faire frissonner de bonheur. Entre percussions, guitares, cordes (violons, violoncelles, contrebasses), cuivres et voix de falsetto portée par son leader, Sigur Rós nous transporte immédiatement dans un monde parallèle où la mélancolie et la noirceur se mêlent à une pâle lueur d'espoir. On aurait envie de fermer les yeux pour se laisser porter encore davantage, mais il serait dommage de manquer la scénographie, certes simple et épurée avec une vingtaine d’ampoules scintillantes sur scène, mais belle et poétique.
Il y a beau avoir plus de 30 musiciens sur scène, notre regard est inévitablement attiré vers Jónsi, toujours aussi discret, mais ô combien talentueux et inspirant. Avec sa voix infinie et éthérée, voire éraillée par moment, le leader du groupe islandais nous touche au plus profond. Que ce soit armé de sa guitare et de son fidèle archer, au piano ou même démuni d’instrument derrière son pied de micro, le chanteur et musicien de Sigur Rós a ce don si unique pour nous émouvoir en quelques notes à peine, nous obligeant à nous mordre l’intérieur des joues pour ne pas pleurer devant tant de beauté et de musicalité.
Côté setlist, Sigur Ros a bien évidemment régalé ses fans en revenant sur plusieurs anciennes chansons, la plupart acclamées par le public dès les premières notes jouées. Revisitées pour l’occasion par le London Contemporary Orchestra, on frissonne sur « Vaka », on pleure sur « Heysátan », on frémit sur « Starálfur » (malheureusement légèrement gâché par une guitare non accordée) et « Álafoss », puis on exulte sur « Hoppípolla », sublimé par la puissance des cuivres et des percussions.
Mais Sigur Rós était aussi là à la Philharmonie de Paris pour présenter plusieurs de ses nouveaux titres, dont le sublime single « Blóðberg », mais également « Skel », « Ylur » et « 8 ». Des titres indéniablement moins rock que ceux proposés sur "Kveikur", mais nous donnant ainsi un bel aperçu de ce que sera le prochain opus de la bande, à la fois cinématographique et atmosphérique.
Dévoilant un maelström d’émotions comme seul le groupe en est capable, ce set d’environ 2h30 (dont 20 minutes d’entracte) nous a offert un incroyable moment suspendu dans le temps et d’une beauté rare que nous ne sommes pas près d’oublier.
Blóðberg
Ekki Múkk
Fljótavík
8
Von
Andvari
Starálfur
Dauðalogn
Varðeldur
Entracte
Untitled #1 – Vaka
Untitled #3 – Samskeyti
Heysátan
Ylur
Skel
All Alright
Untitled #5 – Álafoss
Sé Lest
Hoppípolla
Avalon
Lieu
Philharmonie de Paris
221 Avenue Jean Jaurès
75019 Paris 19
Accès
Métro ligne 5 station "Porte de Pantin"
Site officiel
sigurros.com