Alors que les clubs et discothèques sont fermés depuis le mois de mars dernier en raison du contexte sanitaire actuel, Libération publie une tribune ce 31 juillet 2020. Signée par plus de 170 musiciens, DJs, artistes et collectifs de la French Touch (Jean-Michel Jarre, Bob Sinclar, Chloé, Martin Solveig, Laurent Garnier, Joachim Garraud, Michaël Canitrot, Louisahhh, Molécule, Yuksek...), cette tribune s’adresse à la nouvelle ministre de la Culture, Roselyne Bachelot.
À ce jour, les lieux festifs et établissements de nuit sont fermés jusqu’à nouvel ordre, aggravant chaque jour un peu plus la situation de ces très nombreux artistes de musique électro. Toutes et tous demandent donc au ministère de la Culture d’agir vite et de prendre des « dispositifs opérationnels concrets à effet immédiat » en faveur du secteur de la musiques électroniques et du milieu de la nuit, oublié et durement touché par la crise sanitaire.
« Nous savons combien la musique classique est pour vous une passion, et nous nous réjouissons de voir à la tête de cette belle maison de la Culture une femme qui l’aime tant. […] Nous savons combien l’opéra est pour vous une passion, mais savez-vous que depuis près de soixante-dix ans, et les premières créations de Pierre Schaeffer (un Français !), les artistes de musiques électroniques font eux aussi chanter leurs machines ? » écrivent ces musiciens, djs et collectifs de la nuit dès les premières lignes de cette tribune.
Comme le soulignent Kevin Ringeval, Michel Pilot, Jean Paul Deniaud et Eric Labbé - les auteurs de cette tribune -, « le marché des musiques électroniques représente près d’un demi-milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel, soit 17% du marché des musiques actuelles » avant d’ajouter que « dans la lignée de Pierre Henry, Jean-Michel Jarre, Daft Punk, Chloé, Laurent Garnier, Maud Geffray, Azf ou Bambounou, les grands musiciens électroniques français d’hier et d’aujourd’hui sont les illustres compositeurs de leur temps et des générations à venir. »
Face à une situation catastrophique, les auteurs et les signataires de cette tribune réclament aujourd’hui des engagements forts de la part du gouvernement. « Nous avons aujourd’hui besoin de votre écoute et de votre soutien pour redonner de l’espoir et un horizon à l’ensemble de notre écosystème » insistent-ils.
« Soutenir notre secteur artistique, c’est l’accompagner et prendre des mesures urgentes de sauvegarde des 100 000 emplois directs et indirects en France : musiciens, techniciens, attachés de presse, personnels des lieux de diffusion (clubs, salles de concerts...), agents, saisonniers... tous privés de leur emploi » poursuivent-ils.
Comme les auteurs le rappellent, la plupart des producteurs et productrices de musiques électroniques et des DJs « sont en dehors du cadre de l’intermittence ». « En les privant de leurs terrains d’expression, ils sont également privés de toute ressource, et nombre d’entre eux, notamment parmi les artistes émergents, sont des situations de grande détresse » alertent-ils.
À travers cette tribune, les artistes de musique électro réclament « un plan massif pour le sauvetage des artistes avec la création d’un fonds d’aide d’urgence » mais aussi d'« ouvrir le chantier très rapidement des "Zones d’urgence de la Fête" ».
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