Avant la présidentielle de 2022, la grande inconnue pour la Macronie reste Anne Hidalgo. Depuis le début de la crise sanitaire liée à l'épidémie du Covid-19, la guerre de communication fait rage entre l'Hôtel de Ville et l'Élysée. Enfin, c'est surtout la maire de Paris qui tire à boulets rouges : mauvaise gestion de la crise, problèmes de logistiques évitables... Anne Hidalgo trouve toujours le temps (et le média) pour témoigner ou tweeter des tacles bien placés. Sans manquer de rappeler qu'il faut une "vision stratégique" et une certaine cohérence quand on est aux manettes.
D'ailleurs, ces pics à répétition ne passent pas inaperçus chez les proches d'Emmanuel Macron. "Il faut faire attention. Elle est la seule capable de faire l'union de la gauche, en dehors de Mélenchon" reconnait un proche du président contacté par Le Monde. Un autre ministre interrogé par le quotidien confirme que "parmi les prétendants, c'est la plus prometteuse, elle a une équation personnelle à jouer".
Au point de devenir une cible prioritaire dans la tête d'Emmanuel Macron ? "Cet été, le président avait demandé à ses équipes de la viser en priorité", confirme un conseiller. Seulement, on trouve autant d'effrayés que de rassurés chez LREM. "À l'Élysée, il y a vraiment deux écoles. Une moitié pense qu'elle est la candidate parfaite ; une autre exactement le contraire, en la considérant comme le danger numéro un" indique un autre proche de l'exécutif.
Côté sceptiques, on retrouve par exemple le sénateur président du groupe LREM au Sénat, François Patriat. "Il n'y a pas un enthousiasme fort pour Hidalgo. Je ne crois pas en elle", admet-il au Monde, avant de prédire qu'elle "ne parviendra pas à s'allier avec les écolos". Depuis sa réélection à la mairie de Paris, les couacs se multiplient avec les alliés écologistes, au conseil de Paris comme en coulisses. Même refrain pour le porte-parole des députés LREM, Pieyre-Alexandre Anglade, pour qui l'élue socialiste est trop "floue sur beaucoup de sujets". Il n'y va pas de main morte quand il s'agit de pointer du doigt "sa gestion déplorable" et les "problèmes avec sa majorité plurielle".
Seulement en Macronie, certains en sont venus à croire que la maire avait un véritable boulevard devant elle. "Elle a un bilan sur l'écologie, un rayonnement international.." avoue une source au Monde. Souvenons-nous que rien ne donnait Hidalgo vainqueur au début de la campagne des municipales, dans une ville que les macronistes pensaient "imperdable". Mais ça, c'était avant l'affaire Benjamin Griveaux.
Et avant les changements de paradigmes sur l'échiquier politique, en grande partie initiés par Emmanuel Macron en personne. "Le virage à droite d'Emmanuel Macron lui laisse un boulevard" confie Guillaume Chiche, député ex-LREM des Deux-Sèvres. "Aujourd'hui, je fais plus confiance à Anne Hidalgo qu'à Emmanuel Macron pour nous proposer un projet de société humaniste, écologique et solidaire", explique-t-il. Un autre proche du président Macron précise en bonus que les deux figures politiques "ont des rapports très compliqués à titre perso". Le seul point sur lequel ils sont tombés d'accord ? Il faut remonter à la candidature pour les JO de Paris 2024... Rien de très fraternel.