Quand vivrons-nous véritablement la généralisation du télétravail en France ? Promesse gouvernementale entretenue depuis le confinement par le Premier ministre Jean Castex et la ministre du Travail Elisabeth Borne, le télétravail est, sur le papier, "vivement encouragé". Encore mieux, il serait devenu selon le chef du gouvernement un "fait de société".
Sauf qu'en réalité, la pratique du travail à domicile est laissée à l'abandon par les entreprises. Et cela, alors même que l'épidémie de Covid-19 regagne massivement du terrain partout dans l'Hexagone. Dans les faits, une étude du cabinet YouGov publiée dans Les Echos fin août avertissait déjà de la mort lente du télétravail en période post-confinement : à peine 15% des travailleurs restaient à la maison, quand cette même donnée atteignait 27% au printemps. Seulement un mois après, un sondage Odoxa-Adviso Partners pour France Info dévoilé début octobre abondait dans le même sens, avec 14% de télétravailleurs réguliers. Parmi ces télétravailleurs, 10% alternent entre bureau et domicile, quand 4% n'y posent même plus les pieds.
Pourtant, le télétravail se portait à merveille avant le début de l'été. Une étude qui s'intéressait à l'avis de 132 DRH (directeur des ressources humaines) quant à cette nouvelle pratique, menée par le cabinet Willis Towers Watson dès le mois de juillet, affichait une impressionnante statistique : 98% d'entre eux confirmaient que les salariés appréciaient particulièrement le télétravail. Ne plus prendre les transports en commun, réduire le stress en période de crise sanitaire, avoir plus de temps pour soi : autant de facteurs essentiels d'après eux.
Cependant, après cette brève escapade liée à l'urgence sanitaire, l'importance du travail au bureau n'a pas tardé à revenir au galop, devançant même la "deuxième vague" du Covid-19. Quand on s'intéresse aux transports en Île-de-France (IDFM) par exemple, on constate que la fréquentation est passée de 25% à la sortie du confinement, à 60% début octobre. Et ce n'est pas faute d'avoir eu de nombreux rappels de la part du gouvernement, qui répétait haut et fort par l'intermédiaire de son porte-parole suprême Olivier Véran, ministre de la Santé, combien il ne "faut pas avoir peur" du télétravail, et à quel point cette pratique doit être "encouragée".
Forcément, il convient de comprendre pourquoi les entreprises boudent cette nouvelle manière de bosser. Selon la secrétaire générale adjointe de la CFDT, interrogée par Libération, affirme que "le recours au télétravail n'est pas spontané chez les employeurs". Pour mieux les encourager, le Medef et les organisations syndicales travaillent à encadrer la pratique, qu'il s'agisse des droits des salariés ou des équipements. L'objectif est simple : créer une deuxième vague de télétravail, qui réussira cette fois à entériner définitivement la pratique chez les Français.