Dans Paris intramuros, pour les scooters et les motos, c'est tous les jours Noël. Les emplacements "deux-roues" sont en accès libre pour tous les usagers de véhicules motorisés de type cyclomoteurs. Aujourd'hui, la gratuité du stationnement des deux-roues reste un privilège fragile, tant la multiplication des motos et autres scooters est de plus en plus importante dans les rues de la capitale -quelque 100 000 nouveaux conducteurs aux dernières estimations.
D'ailleurs, la mairie de Paris a clairement une idée derrière la tête à ce sujet : rendre le stationnement des deux-roues motorisés payant. Une promesse de campagne des dernières élections municipales, qui ne devrait cependant pas voir le jour avant au moins 2021 à en croire David Belliard, l'adjoint aux Transports interrogé par Le Parisien. "Les choses se décanteront au début de l'année prochaine", promet l'élu écologiste. Pourtant, il y a urgence : les caisses de la municipalité ont été vidées en partie par le passage de la crise sanitaire liée à l'épidémie du Covid-19.
En ce sens, la mairie de Paris prévoit de faire tourner la planche à billets : lors de la présentation du budget 2021, l'adjoint à la mairie de Paris en charge du budget, Paul Simondon, annonçait un allongement de la durée de désendettement théorique de 9 à 18 ans. Le même élu confirmait quelques jours plus tôt sa volonté de chercher de nouvelles recettes du côté des cyclomoteurs. "L'utilisation de l'espace public pour stocker un véhicule type deux roues de façon gratuite ne nous semble plus d'actualité", expliquait l'adjoint.
Dans son budget prévisionnel pour l'année prochaine, l'adjoint d'Hidalgo comptabilise une hausse de 45,4 millions d'euros des ressources générées par le stationnement payant par rapport à 2020. Comme la mairie de Paris l'explique aux Échos, ce montant prend en compte le nouveau stationnement payant, mais également la mise en place du contrôle automatique par lecture des plaques d'immatriculation pour tous les types de véhicules (en particulier sur les stationnements livraison). Les modifications de la grille tarifaire sont elles aussi prises en compte.
À Vincennes et Charenton-le-Pont, des deux-roues pas si rentables
Pour estimer les recettes liées à l'éventuelle mise en place de la mesure, prenons les exemples de Vincennes et Charenton-le-Pont. Si ces deux communes situées en banlieue parisienne sont incomparables en termes de démographie avec la Ville lumière, elles mettent leurs conducteurs de deux-roues motorisés à contribution depuis 2018.
À Vincennes, une amende de 12 euros est prévue si on ne paye pas son parcmètre, quand il faut débourser 10 euros à Charenton pour la même infraction. Interrogée par 20minutes, la maire de Vincennes Charlotte Libert-Albanel ne cache pas sa déception : si elle assure que "ce n'est pas une mesure anti-deux-roues", elle estime toutefois que "les amendes n'ont rapporté pour l'instant que 40 000 euros". Surtout "les deux-roues ne représentent que 17% des forfaits post-stationnement" explique-t-elle.
À Charenton-le-Pont, c'est le même désenchantement. La mairie de Paris affirme que la mise en place de la mesure lui avait coûté 60 000 euros. Avec un abonnement annuel à 75 euros (145 euros de moins que pour une voiture), elle ne tire grâce aux amendes que 12 000 euros de bénéfices.
En ce sens, la maire de Vincennes précise que la mesure a vocation à mettre de l'ordre dans le stationnement, plus que de simplement renflouer les caisses de la municipalité. Elle explique ses motivations au quotidien : "face à l'envahissement des trottoirs et la venue progressive des deux-roues qui ne trouvaient plus de place dans Paris, nous devions agir". Dans tous les cas, il faudra attendre 2021 et son hypothétique application pour pouvoir observer l'impact de la mesure sur les finances de la municipalité.