Il est l'un des plus célèbres écrivains irlandais de l'Histoire. Partons sur les traces d'Oscar Wilde à Paris. Né à Dublin en 1854, Oscar Wilde grandit dans une famille aisée. Dès l'adolescence et le début de sa scolarité à Oxford d'où il sortira auréolé de mentions, il commence à se construire un personnage de dandy provocateur aux costumes extravagants, et affirme son goût pour un esthétisme décalé et décadent.
Après un premier recueil de poèmes apprécié par la critique et une série de conférences aux Etats-Unis, Wilde s'attelle à l'écriture de pièces, d'essais et de poésies, peu de temps après avoir épousé Constance Lloyd, qui lui donne deux fils. Mais l'écrivain rencontre, en 1891, Lord Alfred "Bosie" Douglas qui devient rapidement son amant. Amoureux, les deux hommes mènent une vie dissolue, et Oscar Wilde affiche, dès lors, publiquement son homosexualité, alors encore punie par la loi.
Opposé au couple formé par son fils et Oscar Wilde, le père d'Alfred Douglas, le marquis de Queensburry, attaque l'auteur en justice. Au cœur d'un scandale retentissant, Oscar Wilde se retrouve condamné, en 1895, à deux ans de travaux forcés, la peine alors réservée aux coupables d'homosexualité. Libéré deux ans plus tard, Wilde retrouve rapidement le chemin de son amant. L'apprenant, son épouse lui coupe définitivement les vivres. Commence alors pour Oscar Wilde une période d'indigence totale dont il ne sortira pas.
Le 30 novembre 1900, l'auteur du Portrait de Dorian Gray, de L'importance d'être constant et du Fantôme de Canterville meurt à 46 ans d'une méningite dans un hôtel miteux de Paris où, ruiné et vilipendé, il avait trouvé refuge depuis trois ans. Tout au long de cette vie, commencée dans le confort puis la gloire, et terminée dans la solitude, la déchéance et la misère la plus totale, Oscar Wilde aura développé un lien particulier avec Paris.
Des cafés parisiens où il fréquenta de nombreux artistes et écrivains de son temps, Marcel Proust, Pierre Louÿs, André Gide, Victor Hugo, Verlaine, Sarah Bernhardt et la bande des Goncourt, pour ne citer qu'eux, jusqu'à sa chambre d'hôtel où il finit sa vie, en passant par ce théâtre où se tint la première de son unique pièce en langue française, et le cimetière du Père Lachaise, sa dernière demeure, marchez dans les pas d'Oscar Wilde à Paris.
L’HOTEL DU QUAI VOLTAIRE
19, quai Voltaire 75007
Oscar Wilde, alors étudiant de 20 ans, fringant et célibataire, descend à l’hôtel du Quai Voltaire en 1874, lors de son premier séjour à Paris en compagnie de sa mère. En 1883, l’artiste retourne dans ce charmant hôtel avec vue sur la Seine, le musée du Louvre et le jardin des Tuileries, non sans être descendu, dans un premier temps, à l’hôtel Continental qu'il quitte rapidement de peur d'être à court d’argent. Wilde opte finalement pour cet hôtel un peu plus modeste, rive Gauche, et s’installe dans la chambre 14.
Durant ces trois mois de séjour, Wilde rend visite à Victor Hugo, alors très âgé, et rencontre Sarah Bernhardt ainsi que Verlaine. Toujours ouvert de nos jours, l’hôtel du Quai Voltaire a vu défiler de nombreux artistes en son sein, parmi lesquels Richard Wagner qui y composa une partie des Maîtres Chanteurs, Pissaro qui y peignit plusieurs de ses toiles, ainsi que Charles Baudelaire qui y écrivit Les Fleurs du Mal - une plaque commémorative apposée sur la façade rappelle d’ailleurs la présence du poète.
LE CAFÉ DE FLORE ET LES DEUX MAGOTS
172, boulevard Saint-Germain 75006
A l'instar de nombreux artistes de l'époque, Oscar Wilde fréquente le Café de Flore et les Deux Magots, deux institutions de Saint-Germain-des-Prés. Il y rencontre la fine fleur de la littérature française, Stéphane Mallarmé, André Gide, Verlaine ou encore Victor Hugo, qu'il revoit régulièrement à la Closerie des Lilas. Pour autant, Wilde aimait aussi fréquenter les lieux malfamés de la capitale, où se mêlaient artistes, poètes et mauvais garçons.
L'HOTEL WAGRAM
208, rue de Rivoli 75001
C'est dans cet hôtel qu'Oscar Wilde descend en 1884, lors de sa lune de miel avec Constance Lloyd. Le palace, situé au 208 rue de Rivoli, a aujourd'hui disparu.
LE 29, BOULEVARD DES CAPUCINES 75002
En 1891, Wilde loue un appartement dans l'un de ses quartiers favoris, les Grands Boulevards. C'est à cette époque qu'il retrouve André Gide au Café de la Paix, et rencontre l'écrivain parnassien, dandy et homosexuel comme lui, Jean Lorrain, ainsi que de nombreux autres intellectuels parisiens.
C'est également dans cet appartement qu'il écrit Salomé. Dédiée à Pierre Loüys, sa seule et unique pièce en langue française est censurée par Lord Chamberlain au motif qu'il était illégal de représenter sur scène des personnages bibliques. Indigné, Wilde envisage alors de renoncer à sa nationalité britannique et de devenir Français afin de ne plus avoir à subir de telles restrictions. Il reviendra dans ce même appartement du boulevard des Capucines, l'année suivante.
LA COMÉDIE PARISIENNE
7, rue Boudreau 75009
Alors que Wilde est emprisonné à la geôle de Reading pour homosexualité, la première de l'adaptation de sa pièce Salomé est donnée en 1896 à la Comédie Parisienne, par la compagnie du Théâtre de l'Œuvre. Ce théâtre à l'italienne, classé Monument Historique, a depuis été rebaptisé Théâtre de l'Athénée Louis-Jouvet.
L’HÔTEL DES DEUX MONDES
22, avenue de l’Opéra 75001
Au numéro 22 de l’Avenue de l’Opéra se trouvait l’hôtel des Deux Mondes, fréquenté assidument par Oscar Wilde et son amant Bosie durant le mois de mai 1893. Ce dernier y retourne deux années plus tard et y écrit : "Mon Oscar chéri, je viens d’arriver à l’instant ici. Il me semble trop épouvantable de m’y trouver sans toi, mais je souhaite ardemment que tu m’y rejoignes dès la semaine prochaine. (…) Je suis ton boy amoureux et dévoué. Bosie". Lieu branché dans les années 1890, l'hôtel finit par fermer ses portes en 1940 ; il n'en reste plus rien aujourd'hui.
L’HÔTEL LOUVRE MARSOLLIER
13, rue Marsollier 75002
Vers la fin de sa vie, Wilde loge également à l’hôtel Louvre Marsollier, notamment en 1899. Toujours ouvert de nos jours, l’établissement rend hommage à son ancien résident à travers sa décoration idolâtre.
L'HÔTEL D'ALSACE
13, rue des Beaux Arts 75006
Abandonné de tous après deux ans de travaux forcés et se trouvant alors dans la plus grande indigence, Oscar Wilde trouve refuge à l'hôtel d'Alsace en mars 1898, un hôtel miteux "de quatrième classe" comme le qualifient les amis de l'écrivain, tenu par Jean Dupoirier. Le tenancier accepte de loger gratuitement l'artiste qui s'y enregistre sous le nom d'emprunt de Sebastian Melmoth. Durant trois ans, ruiné et malade, Wilde n'écrit plus une ligne et ne quitte plus le lit de sa chambre qui donne sur jardin. Affligé par l'état miteux de l'hôtel, l'écrivain aurait déclaré : "Mon papier peint et moi nous livrons un duel à mort. L'un ou l'autre de nous va devoir s'en aller." Souffrant d'une otite, Wilde est opéré à l'hôtel mais la plaie s'infecte. Il meurt d'une méningite le 30 novembre 1900, à l'âge de 46 ans. Avant de partir, il s'offre une coupe de champagne, proclamant : "Je meurs au dessus de mes moyens."
L'hôtel, qui accueillera, par la suite, Gainsbourg ou encore Jim Morrison, est aujourd'hui l'un des plus petit cinq étoiles de Paris. Sobrement rebaptisé l'Hôtel, l'établissement a reconstitué la chambre de Wilde, au premier étage. Sur les murs de la chambre n°16, en haut de l'escalier d'origine, des portraits et une photographie de l'écrivain, ainsi qu'une lettre du directeur de l'hôtel de l'époque lui demandant de régler sa note et ses frais de toilette.
LE PÈRE LACHAISE
16, rue de Repos 75020
Etape finale de ce pèlerinage, le cimetière du Père-Lachaise, dernière demeure d'Oscar Wilde. Enterré dans un premier temps au cimetière de Bagneux, la dépouille est déplacée au Père Lachaise en 1912, après que son ami et ancien amant Robert Ross y a acquis une concession. Le monument funéraire représentant un sphinx ailé est l'œuvre de Jacob Epstein. Les organes génitaux de cet ange-démon, jugés scandaleux car bien visibles, ont par la suite été recouverts par le sculpteur d'une feuille de vigne en bronze.
En 1950, à l’occasion du 50e anniversaire de la mort d’Oscar Wilde, les cendres de Robert Ross sont incluses dans la tombe de l’écrivain. Depuis les années 90, les admirateurs de Wilde ont pris l'habitude de déposer des centaines de baisers au rouge à lèvres sur la sépulture du poète maudit. L'édifice, rénové en 2011, est désormais protégé par des plaques de verre.
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