Niché à l'intersection de la rue Claude-Chahu et de la rue Eugène-Manuel, cet immeuble, parmi les plus beaux immeubles de la capitale, est un témoignage vibrant de l'effervescence artistique de la Belle Époque. Imaginé et conçu par Charles Klein, il est le reflet d'une maîtrise technique et esthétique sans précédent pour son époque.
Points clés :
La structure de l'immeuble, en béton armé, repose sur le système avant-gardiste Hennebique, très en vogue au début du XXe siècle. Cette ossature robuste est sublimée par une couverture de céramique aux teintes d'ocre et de vert amande, conférant à l'édifice une élégance rare.
L'histoire de cet immeuble ne se limite pas à son architecture. Il a également servi de toile de fond à des œuvres cinématographiques telles que "L'Appartement" de Gilles Mimouni ou encore "Chéri" de Stephen Frears.
La Belle Époque, période d'innovations et d'expérimentations esthétiques, a vu naître des styles tels que l'Art Nouveau. L'Immeuble de Charles Klein est emblématique de cette époque, où l'art se voulait omniprésent et accessible. L'Art Nouveau, qui a émergé à la fin du XIXe siècle, est un mouvement artistique et architectural qui a cherché à rompre avec les formes traditionnelles et à intégrer des motifs et des structures inspirés de la nature.
Ses courbes élégantes, ses motifs floraux et ses formes organiques ont donné naissance à des œuvres d'art et des bâtiments qui étaient à la fois fonctionnels et esthétiquement plaisants. Paris, en tant que centre mondial de l'art et de la culture, a embrassé ce mouvement avec enthousiasme.
Pour encourager l'innovation architecturale et embellir la ville, la municipalité a lancé un concours des façades. Ce concours visait à récompenser les constructions privées les plus remarquables de l'année. Le Castel Béranger, conçu par Hector Guimard, est devenu le premier lauréat de ce prestigieux concours en 1898. Situé également dans le 16e arrondissement, ce bâtiment est un exemple emblématique de l'Art Nouveau parisien, avec ses formes ondulantes, ses ferronneries délicates et ses détails sculpturaux.
Le succès du Castel Béranger a ouvert la voie à d'autres chefs-d'œuvre, dont l'Immeuble de Charles Klein. Diplômé de l'école nationale supérieure des Beaux-Arts, Klein n'a légué à la postérité que cet immeuble exceptionnel. Sa notoriété fut instantanée, couronnée par le prix du concours des façades de la ville de Paris en 1903.
L'édifice Klein présente deux façades visibles depuis la rue, dont l'une compte cinq travées. C'est un bâtiment imposant et robuste, aux allures typiques du style Louis XVI parisien. Pourtant, à son époque, il est considéré comme un chef-d'œuvre loué pour son architecture significative. Les critiques d'alors évoquent une réalisation majeure rendant hommage à son architecte, M. Charles Klein, et au céramiste Émile Müller. Ce dernier a habilement exploité toutes les possibilités offertes par la Grande Tuilerie pour parvenir à un rendu presque impeccable. Les blocs de grès, qu'ils soient simples pavés ou ornements élaborés, se combinent de manière logique, offrant bien plus qu'une simple illusion superficielle : ils s'intègrent réellement à la structure.
Néanmoins, un regard plus approfondi sur le bâtiment révèle des éléments conventionnels, dessinant une distinction claire entre la base et les étages supérieurs. Sa conception architecturale, bien qu'appréciée, doit beaucoup à la tradition. Elle offre une lecture simple et familière à ses observateurs. Sa modernité est principalement attribuée à son revêtement, en particulier son décor floral Art Nouveau, avec des motifs végétaux aisément identifiables. Les carreaux plats renforcent la solidité apparente du mur, tandis que les motifs floraux apportent une touche décorative. Le grès, avec sa texture et ses nuances, unifie l'ensemble, mais demeure un simple détail. Chaque composant du bâtiment est bien en place, avec un décor qui met en valeur ses ouvertures. Visiblement influencé par le Castel Béranger d'Hector Guimard de 1899, Klein et Müller offrent une interprétation à la fois modernisée par les matériaux et rassurante par son style.
En observant de plus près, on est captivé par les ferronneries de la grille d'entrée, les carreaux de céramiques du vestibule, et bien sûr, le motif du chardon, omniprésent et symbolique.
Bref, lors de votre prochaine balade dans le 16e arrondissement, prenez un moment pour admirer cet immeuble classé Monument Historique depuis 1986. Une plongée dans une époque où l'art et l'architecture dialoguaient en parfaite harmonie.
Lieu
Immeuble Les Chardons - Charles Klein
8 Rue Claude Chahu
75116 Paris 16
Tarifs
Gratuit
Âge recommandé
Tout public