L'histoire du Félix Potin de Réaumur à Paris est un récit fascinant qui mêle commerce, architecture et mystères historiques. Félix Potin, né en 1820, a débuté sa carrière en tant que commis épicier avant d'ouvrir sa propre épicerie en 1844 dans le 9e arrondissement de Paris. Ce premier pas dans le monde du commerce allait poser les bases d'une entreprise qui deviendrait emblématique de la capitale française.
En 1860, marquant une expansion significative, Félix Potin ouvre un nouveau magasin sur le boulevard de Sébastopol, à l'angle de la rue Réaumur. Cette adresse stratégique, choisie pour son emplacement sur les nouvelles voies haussmanniennes et à proximité des Halles de Baltard, témoigne du sens aigu des affaires de Potin. Le magasin de Sébastopol, avec son architecture imposante et son offre diversifiée, devient rapidement un point de repère dans le paysage commercial parisien.
Le magasin du boulevard Sébastopol, reconstruit en 1910, incarne l'apogée de la Maison Félix Potin. À cette époque, l'entreprise compte plusieurs succursales à Paris et en région parisienne, chaque magasin employant des centaines de commis. L'édifice, conçu par l'architecte Charles Lemaresquier dans un style néo-baroque, se distingue par sa grandeur et son opulence, reflétant la prospérité de l'enseigne.
Cet ancien magasin principal de l'enseigne, désormais occupé par un Monoprix, est le résultat du travail de l'architecte Charles Lemaresquier dans un style néobaroque éclatant. La façade de ce bâtiment historique est un véritable spectacle visuel. La partie basse de l'édifice, bien que modifiée, conserve ses élévations éclectiques et ornées, témoignant de la splendeur passée de la structure. Surnommée "la Poivrière" en raison de son exubérante rotonde d'angle surmontée d'un grand dôme, cette construction reflète le faste et la prospérité des magasins Félix Potin à l'époque de leur apogée.
La façade combine une iconographie classique qui combine éléments mythologiques et représentations idéalisées. On y trouve des consoles ornées de cornes d'abondance, des guirlandes de fruits, des vases, des consoles à motifs de feuillage, et le caducée, symbole d'Hermès, dieu du commerce. Les peintures colorées du décor ajoutent une touche de fantaisie à la pierre de taille. Les courbes néo-baroques et les sculptures en relief accentuent le caractère somptueusement luxuriant de l'ensemble.
La fermeture de Félix Potin s'est déroulée en plusieurs phases, marquées par des changements significatifs dans la gestion et la stratégie de l'entreprise. Après la mort de son fondateur en 1871, la marque a connu une expansion sous la direction de sa veuve et de ses enfants. Toutefois, à partir de 1924, une période d'incertitudes s'installe avec la deuxième génération d'héritiers. Le déclin commence en 1945, lorsque la troisième génération prend les rênes sans grand intérêt personnel, conduisant à la cession de l'entreprise. Finalement, confrontée à la concurrence accrue dans le secteur de la grande distribution, l'enseigne Félix Potin disparaît en 1995.
La surprise survient en 2015 lors de travaux de rénovation dans le Monoprix qui occupe désormais l'espace. Les ouvriers tombent sur une découverte macabre : des centaines de squelettes soigneusement alignés dans une fosse commune. Cette découverte surprenante n'est pas un cas isolé dans une ville aussi ancienne que Paris, mais elle a tout de même provoqué un émoi considérable.
Des recherches approfondies révèlent que ces restes humains datent probablement du Moyen Âge. Ce lieu, qui fut autrefois le cimetière de l'Hôpital de la Trinité, a dévoilé des strates d'ossements humains sur plusieurs niveaux, possiblement déposés suite à une épidémie.
Le cimetière de l'hôpital de la Trinité, établi au XIIe siècle et détruit vers la fin du XVIIIe siècle, se situait dans le quartier des rues Saint-Denis, Greneta, Guérin-Boisseau et le boulevard de Sébastopol à Paris. Ouvert en 1348 durant la Grande Peste, ce cimetière fut une réponse à l'insuffisance du cimetière des Innocents pour accueillir les nombreux corps provenant principalement de l'Hôtel-Dieu. Capable de contenir jusqu'à 600 cadavres dans chacune de ses grandes fosses, il a également servi lors d'autres périodes tragiques, notamment le massacre des Armagnacs en 1418, et les épidémies de peste de 1428 et 1466.
Avec le temps, l'usage du cimetière de la Trinité a diminué, conduisant à sa désaffection totale en 1678. Les fouilles effectuées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), ont révélé que tous les restes n'avaient pas été déplacés aux Catacombes, laissant des fosses non vidées sur le site. Ces recherches ont dévoilés une disposition organisée des cadavres, avec au moins deux rangées disposées en tête-bêche et une troisième rangée hors des limites de la fouille.
Cette découverte, montrant des corps superposés sur cinq à six niveaux sans signe de traumatisme, suggère que la mort en masse était probablement due à une épidémie plutôt qu'à un massacre. Le Monoprix de la Rue Réaumur a ainsi ouvert durant plusieurs années avec un véritable cimetières à cœur ouvert dans ses sous-sols, vous le saviez ?
Références :
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Lieu
Monoprix Réaumur-Sébastobol, ancien siège de Félix Potin
51 Rue Réaumur
75002 Paris 2
Tarifs
Gratuit