La Commune de Paris est un évènement majeur au cours duquel les Parisiennes et les Parisiens ont pris les armes et se sont rebellés contre le gouvernement, en réponse aux conséquences désastreuses de la guerre franco-prussienne et à l'austérité sociale et économique du Siège de Paris.
Pendant 72 jours, un nouveau gouvernement insurrectionnel est mis en place à Paris, et d'importantes mesures sociales sont décrétées, mettant l'accent sur des idées et des valeurs essentielles comme la solidarité, la liberté et la démocratie.
Dès lors, un véritable programme politique, social, démocratique et favorable aux classes populaires, est mis en place, et la Commune décrète entre autres la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la laïcité de l'enseignement, la réquisition des logements vaquants, l'ouverture de la citoyenneté aux étrangers, la valorisation du statut de l'ouvrier et de ses droits. C'est aussi le début de la lutte des premiers mouvements féminins qui se battent pour le droit au travail, l'égalité des salaires entre hommes et femmes, le droit de vote pour les femmes, le mariage libre et l'instruction des filles.
Rapidement, le gouvernement national, replié à Versailles, prend conscience de l'importance que gagnent les idées de la Commune, et le 28 mai 1871, l'insurrection parisienne est écrasée au terme de sept jours de lutte acharnée entre Communards et Versaillais, durant la Semaine Sanglante.
Mais si les idées des Communards ont perduré par la suite, quelles traces et vestiges reste-t-il, au juste, de l'insurrection parisienne dans les rues de la capitale ?
Le 28 mai 1871, les affrontements entre Communards et Versaillais se terminent entre les tombes du Père-Lachaise, dans un bain de sang. C'est au pied de ce mur, situé à l'angle sud-est du cimetière, que 144 prisonniers fédérés furent fusillés et jetés dans une fosse commune creusée au pied du mur. Une plaque, posée en 1908, commémore ces sombres évènements, tandis qu'en face du mur, plusieurs révolutionnaires de gauche sont enterrés, à l'instar de Jean-Baptiste Clément, chansonnier du "Chant des Cerises" et Eugène Pottier, auteur du chant révolutionnaire "L'Internationale".
Le saviez-vous ? La colonne Vendôme actuelle n'est pas la colonne originelle, érigée sur ordre de Napoléon pour commémorer la bataille d'Austerlitz. Le 16 mai 1871, la colonne est, en effet, détruite par les Communards qui la considèrent comme un symbole de barbarie et de militarisme. Le peintre Gustave Courbet, avait déjà adressé, avant la Commune, une requête au Gouvernement de Défense Nationale, recommandant de déplacer la colonne Vendôme aux Invalides, où elle avait davantage sa place selon lui. Après la chute de la Commune, le président de la République, le maréchal de Mac-Mahon, décide de faire reconstruire la colonne aux frais du peintre - jugé seul responsable alors qu'il ne participa pas à sa destruction - pour un montant de 323 091,68 francs, soit 10 000 francs par mois pendant 33 ans. Mais Courbet mourut d'une maladie de foie avant d'avoir épongé ses dettes et la colonne Vendôme fut reconstruite sur la place du même nom en 1875.
L'Hôtel de Ville fut, lui aussi, entièrement reconstruit. Le 26 mars 1871, le comité central de la Garde nationale et les Communards s'installent à l'Hôtel de Ville et organisent des élections. Le nouveau conseil municipal proclame la Commune sur la Place de l'Hôtel de Ville en liesse, deux jours plus tard. Mais à l'entrée des Versaillais dans la ville, les insurgés y mettent le feu, à l'instar de nombreux monuments parisiens tels que le Palais des Tuileries, le Palais d'Orsay, le Palais-Royal, le Palais de Justice, le Palais de la Légion d'Honneur, la Bibliothèque Impériale au Louvre ou encore le Ministère des Finances, afin de freiner la progression des soldats versaillais et mettre à mal les monuments symboliques de l'Etat. Deux encadrements en pierre de fenêtres de la façade de l'Hôtel de Ville sont aujourd'hui visibles dans les Jardins du Trocadéro.
La place a été inaugurée en 1999 dans le quartier de la Butte-aux-Cailles, dans le 13e arrondissement. Elle commémore les événements de la Commune de Paris et en particulier la bataille de la Butte-aux-Cailles qui s'y est tenue les 24 et 25 mai 1871, opposant les Versaillais aux Fédérés de la Butte-aux-Cailles, menés par le général Walery Wroblewski.
Figure révolutionnaire majeure et fédératrice de la Commune de Paris, Louise Michel a combattu toute sa vie pour l'égalité. Le 18 mars 1871, elle fait partie de la foule qui résiste aux soldats qu'Adolphe Thiers envoie, sur les hauteurs de Montmartre, pour s'emparer des canons de la Garde Nationale. Ambulancière, oratrice, féministe, elle combat sur les barricades durant la Semaine Sanglante. Condamnée et déportée au bagne en Nouvelle-Calédonie, elle sera libérée en 1880 dans le cadre de l’amnistie générale des Communards et continuera ses actions militantes jusqu'à sa mort en janvier 1905. Situé au pied du Sacré-Cœur, le square Louise-Michel (anciennement square Willette) fut inauguré en 2004.
C'est au 83, rue Haxo, dans le 20e arrondissement, que furent fusillés, le 26 mai 1871, 51 prisonniers extraits de la prison de la Roquette - dont 11 prêtres, 36 gardes et gendarmes versaillais et 4 civils - par les Communards, en réponse aux exactions des Versaillais. Les fusillés furent jetés dans une fosse commune au cimetière de Belleville, où une stèle avec leurs noms leur rend hommage.
La basilique du Sacré-Cœur fut inaugurée en 1891 sur la Butte Montmartre, considérée comme le point de départ de la Commune de Paris lors de "l'affaire des canons". Cette décision fut votée en 1873 par l'assemblée nationale, en grande partie royaliste et conservatrice, afin d'expier les crimes commis lors de la Commune et instaurer le nouvel "ordre moral" de la France cléricale. Bien que de nombreux élus de gauche se soient insurgés, refusant le classement de ce bâtiment "construit sur le sang des Communards", la basilique a été classée aux Monuments Historiques en 2022.
D'autres lieux de la capitale ont été le théâtre des évènements de la Commune de Paris, comme le parvis de la mairie du 11e arrondissement où fut brûlée la guillotine, symbole de la répression monarchiste, ou encore le jardin du Luxembourg où des Communards furent exécutés. Une étonnante inscription est également visible, de nos jours, dans l'Église Saint-Paul-Saint-Louis, dans le Marais. Sur le deuxième pilier du côté droit de la nef, on peut en effet découvrir une inscription presque effacée par les tentatives de nettoyages successives : "République fançaise ou la mort" (sic), probablement écrite par un Communard lors de la Semaine Sanglante.