Stations dites « fantômes », stations rebaptisées, accès Guimard, style Andreu-Motte... tout, tout, tout, vous saurez tout sur l’Histoire du métro à Paris grâce à l'Ademas ! Depuis 1992, cette association se donne pour mission de préserver et de mettre en valeur le patrimoine historique du métro de Paris. Aussi, l'Ademas organise au moins une fois par mois des visites guidées (payantes) ouvertes au grand public. Petits et grands curieux, passionnés du réseau ferroviaire ou tout simplement amoureux de rames et de la capitale... Ils sont nombreux à participer à ces visites-conférences guidées sur le réseau RATP pour découvrir l’Histoire et les petites histoires du métro de Paris.
Pour l’heure, quatre parcours différents sont proposés par l'Ademas, à savoir le parcours Châtelet (ouvert à des groupes déjà constitués sur demande), le parcours Pont Cardinet, le parcours Invalides et le parcours Gambetta, dans l’Est parisien, que nous avons justement décidé de suivre ce dimanche 11 décembre 2022. L’occasion d’emprunter des lignes de métro habituellement peu fréquentées, comme les lignes 3bis, 7bis ou encore 11.
Pendant près de 3h, nous voilà donc partis avec ce groupe d’une vingtaine de personnes dans les souterrains parisiens, en quête d’anecdotes insolites et parfois méconnues sur le patrimoine historique du métro.
Notre visite débute devant la Mairie du 20e arrondissement pour un retour dans le passé autour de la naissance du métro. Beaucoup ne le savent peut-être pas, mais le métro voit le jour à Paris en 1900, dans le cadre de l’Exposition universelle, soit 17 ans après l'inauguration du métro à Londres. A Paris, la première des lignes mises en circulation est la ligne 1, qui circule à l’époque entre la Porte Maillot et la Porte de Vincennes.
Mais le concept du métro remonte à plusieurs dizaines d’années auparavant. C’est en France et aux alentours de 1845 que l’idée de créer un chemin de fer urbain émerge. Seulement voilà. Le concept met des années avant de voir le jour dans notre chère capitale en raison de problèmes politiques, mais aussi techniques. Finalement, il faudra attendre l’année 1881 et l’invention du moteur électrique dans les transports urbains par Werner von Siemens pour que les choses avancent. En 1895, l’État donne alors son feu à la Ville de Paris pour la construction du métro. Les travaux débutent en octobre 1898 et la première ligne de métro ouvre le 19 juillet 1900. Malgré les nombreuses polémiques, le métro de Paris est un véritable succès et compte 17 millions de passagers en 6 mois seulement.
Une fois la genèse du métro racontée avec passion et une pointe d'humour par notre guide, nous nous engouffrons dans la station Gambetta (lignes 3 et 3bis). Une station dont l’extérieur attire les amateurs d’Art nouveau. Il faut dire que la station Gambetta a la particularité d’afficher un accès Guimard, de son prénom Hector. Critiqué par certains, apprécié par d’autres, l’accès Guimard - en fonte de fer - sera définitivement abandonné en 1913, lorsque la Compagnie du métropolitain de Paris (CMP), l’exploitant de l’époque, décide de racheter le concept à l’architecte. Aujourd’hui, les quelques accès Guimard encore existants sont classés Monuments historiques. A l’époque, le réseau en comptait 167 contre 87 aujourd’hui.
Mais revenons à l’intérieur de la station Gambetta. Grâce à de vieilles photos et cartes dévoilées par notre guide, on apprend notamment que cette station de l’Est parisien, ouverte en 1905, a été transformée au fil des années. Étape importante : c’est en 1971, à l’occasion du prolongement de la ligne 3 vers Gallieni, que la station Gambetta a avalé sa voisine Martin Nadaud. Au fond de la station Gambetta, on peut d’ailleurs y apercevoir l'ancienne station Martin Nadaud.
Le métro, c’est aussi une histoire de design. Ainsi, le carreau blanc biseauté est véritablement devenu l’emblème du métro parisien. Mais certaines stations misent sur un style plus moderne, comme le style Ouï-dire. D’autres affichent le style Andreu-Motte imaginé par l'architecte Paul Andreu et le décorateur Joseph-André Motte. Lors de cette visite assurée par Ademas, on découvre d'ailleurs que la Compagnie du métropolitain de Paris s'est inspirée de sa concurrente, la Compagnie Nord-Sud. Pour faire la différence, cette compagnie (qui exploitait les lignes 12 et 13 du métro) avait fait le choix de soigner l’architecture et le design de ses stations.
On poursuit la visite dans le métro au côté de l’Ademas à la station Porte des Lilas (lignes 3bis et 11). Terminus des lignes 11 et 3bis, Porte des Lilas aurait également dû être le terminus de la ligne 7. Finalement, ce prolongement a été inachevé, faisant de la Porte des Lilas une gigantesque station peu fréquentée par les voyageurs. Porte des Lilas est d'ailleurs connue pour abriter une station dite « fantôme » où des tournages de films et de publicités sont régulièrement organisés.
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Pour rappel, la ligne 11 va prochainement être modernisée. Les rames mythiques datant de 1920 et circulant sur pneus vont être remplacées par des rames plus modernes. La ligne doit aussi être prolongée jusqu’à Rosny-sous-Bois.
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On arrive ensuite à la station Place des Fêtes ouverte en 1935 (ligne 11). Sa particularité ? Elle a été construite à l'abri des bombardements dits "conventionnels" et des bombardements au gaz de combat. Aussi, des portes étanches ont été conçues, ainsi qu’une chambre de filtrage pour récupérer l’air extérieur, sans oublier des portes battantes installées dans les couloirs.
On file à présent sur la ligne 7bis où l’on monte à bord d’un train MF88. Si aujourd’hui seules 9 rames de ce genre existent sur le réseau RATP, ces trains ont permis de tester en situation réelle plusieurs petites innovations, comme l’intercirculation dans les rames ou encore les grandes baies vitrées.
En route, on apprend aussi que la station Jaurès (lignes 2, 5 et 7 bis) - anciennement station Rue d’Allemagne - a été rebaptisée le 1er août 1914.
On arrive à la fin de la visite. Mais l'Ademas nous réserve une dernière surprise : la découverte des couloirs d’une station « fantôme », située non loin de la station Jacques Bonsergent. Bien sûr, l’accès reste secret et interdit en dehors de ces visites exceptionnelles. Mais nous pouvons vous dire que cette station a bel et bien ouvert et accueilli des usagers dès 1931. En raison de la Seconde Guerre mondiale, cette station a fermé en septembre 1939. Et contrairement à d’autres stations, elle ne sera jamais rouverte, car jugée trop proche d’une autre bouche de métro.
A l’intérieur de cette station fantôme, on emprunte un couloir dévoilant quelques trésors du métro, comme le fameux P.I.L.I. (plan indicateur lumineux d'itinéraire), mais aussi des vestiges publicitaires incroyablement bien conservés. Le guide en profite justement pour nous détailler les stations fantômes de la capitale, mais aussi celles aux quais morts ou encore celles construites, mais jamais exploitées à l’instar des stations Porte Molitor et Haxo.
Au final, on ressort de cette visite avec la sensation d’avoir vécu un incroyable voyage dans le temps à la découverte d’un réseau ferré urbain historique qui n’a pas encore livré tous ses secrets !
Notez que ces visites sont payantes (15 euros), à réserver sur le site de l'Ademas ou sur le site Explore Paris. Les sommes récoltées permettent notamment à l'association de rénover d’anciennes rames de métro, stockées au camp des matelots, non loin du château de Versailles.