Le 17 août 1944, un dernier convoi de déportés quitte le camp de Drancy en direction de l'Allemagne. Le lendemain, 1467 prisonniers sont libérés après l'arrivée du représentant diplomatique suédois et de membres de la Croix rouge.
Située dans la banlieue est de Paris, la cité de la Muette de Drancy, composée d’une longue bâtisse de quatre étages en forme de U et de cinq tours, a été construite au début des années 30 par les architectes Eugène Beaudoin et Marcel Lods qui voulaient en faire un modèle de modernité architecturale.
Freinée dans sa construction par des problèmes économiques, la cité est récupérée par les Allemands et le régime de Vichy et devient en 1940 un camp d'internement, sans chauffage, sans sanitaire, sans vitres aux fenêtres et au sol en béton. Dès lors, la cour est fermée par des barbelés et le sol recouvert de mâchefer. Des baraquements pour les latrines et des miradors de surveillance aux quatre coins de la cour sont installés par la gendarmerie française qui gère le camp.
Terrible exemple de la collaboration criminelle entre les nazis et les autorités de Vichy, le camp de Drancy accueille, dès juin 1940, des prisonniers de guerre - prisonniers communistes dès la signature du pacte germano-soviétique, prisonniers allemands, soldats français - et des civils étrangers.
Le 20 août 1941, le camp de Drancy devient un camp d'internement destiné aux Juifs. 4230 hommes dont 1500 Français, raflés à Paris entre le 20 et le 25 août, sont les premiers internés juifs du camp de Drancy. Les premiers noms d'une longue liste de 76000 personnes, hommes, femmes et enfants, qui séjourneront à Drancy-la-Juive - comme on l'appelait à l'époque - entre quelques jours et plusieurs mois.
Entassés à 50 par chambrée, les Juifs internés, dépouillés au préalable de leurs papiers d'identité et de leur argent, dorment à même le ciment, sans matelas ni couverture. La famine s'installe rapidement ; les internés reçoivent chaque jour 250 grammes de pain de la part de leurs geôliers. Les sorties sont réduites à une heure par jour, les conditions sanitaires sont insalubres, la dysenterie et la vermine sont présentes.
A la fois camp de représailles, de transit et de concentration, le camp de Drancy devient, sous administration française et commandement allemand, l'antichambre des camps de l'Est ; la dernière étape avant les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau et les autres camps de concentration et d'extermination du Reich. Le premier convoi en direction d'Auschwitz part de Drancy le 27 mars 1942.
Au fil des mois, 63 convois partent de la gare du Bourget-Drancy - puis de la gare de Bobigny - vers les camps d’extermination, avec à leur bord 65000 personnes. En France, neuf Juifs déportés sur dix passent par le camp de Drancy lors de la Shoah.
En juin 1943, le camp de Drancy passe totalement sous contrôle allemand. Un commando de S.S. autrichiens, avec à sa tête Aloïs Brunner, prend en charge l’administration du camp jusqu’alors confiée à la Préfecture de police. Mais celle-ci collabore de moins en moins avec les Allemands. Brunner accélère encore la déportation des Juifs de France.
Le 17 août 1944, quelques jours à peine avant la Libération de Paris et alors que l'armée allemande fait face à une vraie débâcle, Aloïs Brunner réussit à organiser un dernier convoi depuis Drancy. A son bord 51 déportés à destination du camp de Buchenwald, ainsi que Brunner lui-même et d'autres SS qui fuient la France. 39 personnes réussiront à s’échapper des wagons avant leur arrivée en Allemagne.
Sur le camp, les internés réussissent à sauver des archives de la destruction par les Allemands, qui finissent par décamper. Le 18 août 1944, 1467 prisonniers sont libérés du camp de Drancy.
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