Éphéméride du 15 septembre à Paris : Attentat du drugstore Publicis à Saint-Germain-des-Prés

Par Manon de Sortiraparis · Publié le 15 septembre 2024 à 23h06
Le 15 septembre 1974, une grenade éclate au drugstore Saint-Germain, faisant 2 morts et 34 blessés. L'attentat est imputé au terroriste révolutionnaire Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos.

Le dimanche 15 septembre 1974, une grenade explose au drugstore Publicis du boulevard Saint-Germain. Derrière cet attentat qui fera deux morts et plus d'une trentaine de blessés, la figure du terrorisme anti-impérialiste des années 1970-80, le Vénézuélien Carlos

A l'angle de la rue de Rennes et du boulevard Saint-Germain, le drugstore Saint-Germain ouvre ses portes le 19 octobre 1965 en plein cœur du quartier de Saint-Germain-des-Prés, 7 ans après l'inauguration réussie et face au succès croissant d'un premier drugstore ouvert par le groupe Publicis, sur les Champs-Elysées

A l'emplacement du Royal Saint-Germain, à quelques encablures seulement des Deux Magots, du Café de Flore et de la brasserie Lipp, le drugstore Saint-Germain devient rapidement un lieu apprécié des Parisiens parmi lesquels Jacques Dutronc ou encore Serge Gainsbourg dont on raconte qu'il repartait rarement du drugstore sans avoir glissé un billet de 500 francs aux vendeuses, non sans leur avoir fait la bise au préalable. 

Attentat CarlosAttentat CarlosAttentat CarlosAttentat Carlos

Le dimanche 15 septembre 1974, à 17h10, une grenade est lancée par un homme depuis le restaurant en mezzanine du drugstore et explose dans la galerie marchande en contrebas. La déflagration creuse un cratère de quinze centimètres dans la dalle du sol. C'est la panique dans le drugstore, bondé en ce jour ensoleillé ; trente-quatre Parisiens sont blessés dont quatre enfants, et deux personnes perdent même la vie

Dépêchés sur place, des enquêteurs retrouvent dans les débris un levier de déclenchement de grenade défensive et recueillent les dépositions des témoins qui donnent le signalement du terroriste : un homme âgé de vingt-cinq à trente ans, grand et athlétique, à la mâchoire carrée. Mais l'individu, qui a entre temps pris ses jambes à son cou, est recherché mais n'est pas retrouvé. 

Rapidement, l'enquête établit que la grenade provient d'un lot de grenades à fragments volé en 1972 sur une base américaine en Allemagne et qui a été utilisé pour d'autres attentats et vols avec arme par la bande à Baader, la Fraction Armée Rouge et les Cellules révolutionnaires allemandes. De nombreux activistes sont interrogés sans résultat. 

Drugstore Saint GermainDrugstore Saint GermainDrugstore Saint GermainDrugstore Saint Germain

Cinq années plus tard, le 13 décembre 1979, alors que l'enquête piétine, Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos, figure du terrorisme révolutionnaire internationaliste et pro-palestinien dans les années 70 et 80, revendique l'attentat au nom de l'Armée Rouge japonaise auprès d'un ami journaliste qui révèle ses confidences dans les colonnes du journal libanais Al Watan Al-Arabi. L'interview est reprise, quelques jours après, dans Le Figaro. 

L'histoire nous ramène au temps des attentats terroristes d'extrême-gauche et aux débuts de la carrière de Carlos, un an avant les attentats contre les avions de la compagnie israélienne El Al à l'aéroport d'Orly et la prise d'otages de l'Organisation des pays producteurs de pétrole à Vienne.

En 1974, au moment de l'attentat du drugstore Saint-GermainIlich Ramirez Sanchez est le chef de la branche armée du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) à l'origine de plusieurs attentats à l'explosif à Londres et à Paris. 

CarlosCarlosCarlosCarlos

Le 26 juillet 1974, quelques jours avant l'attentat de Saint-Germain, le révolutionnaire Yoshiaki Yamada, un membre de l'Armée Rouge Japonaise (ARJ), un mouvement proche d'une branche du FPLP, est arrêté à Orly et incarcéré à Paris. Carlos et Michel Moukharbal décident alors d'organiser une prise d'otages à l'ambassade de France de la Haye, aux Pays-Bas, afin d'obtenir sa libération. L'action est menée, le 13 septembre 1974, par les Japonais de l'ARJ. 

Mais les autorités françaises ne cèdent pas au chantage. Aussi, afin de faire pression sur l'Etat français et accélérer la libération du révolutionnaire nippon et de ses comparses japonais, Carlos se charge, deux jours plus tard, de l'attentat du drugstore Saint-Germain. Le gouvernement français, qui redoute d'autres actions du genre, plie et accepte finalement d'envoyer en Hollande le Boeing 707 que les preneurs d'otages réclament pour s'enfuir, accompagné d'une somme de 300 000 dollars ; Yoshiaki Yamada est libéré le 17 septembre 1974. 

Après des années de cavale, Carlos est arrêté de manière rocambolesque le 15 août 1994 au Soudan où il s'était réfugié clandestinement, muni d'un faux passeport diplomatique. Incarcéré à la prison de la Santé puis à la maison centrale de Poissy, le terroriste vénézuélien a été condamné trois fois à la réclusion criminelle à perpétuité pour de nombreux attentats commis sur le sol français bien qu'il ait, par la suite, toujours nié son implication dans l'attentat du drugstore Saint-Germain. Le drugstore Saint-Germain a, quant à lui, fermé ses portes en 1996, laissant place à une boutique de prêt-à-porter. 

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Quartier Saint-Germain-des-Prés
75006 Paris 6

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Iconographies: © AFP - STF

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