Souvenirs, souvenirs...
Si vous êtes un pur produit de la "Génération X", vous vous rappelez sans doute de Batifol ("Les Bistrots dont on raffole !) né à la fin des années 80. Pourtant, victime de son succès fulgurant qui l’avait conduit à égrener ses adresses dans toute la France (ou peut-être un peu-beaucoup trop en avance sur la mode bistrotière qui enflamme aujourd'hui la capitale ?), les restaurants avaient finalement été cédés à une chaîne de steak-houses.
Mais la bonne nouvelle de cette rentrée, c’est que Batifol fait son grand retour, avec l’ouverture d’une première adresse en lieu et place de l’ancienne brasserie alsacienne La Strasbourgeoise, idéalement placée en face de la Gare de l’Est.
Et d'ailleurs… Pourquoi Batifol?
Autour de 1919, les dadaïstes-surréalistes, un courant artistique et philosophique initié par André Breton, avaient pour lieu de ralliement le "Café Batifol", situé 7 rue du Faubourg-Saint-Martin à Paris. Dans cette véritable cour des miracles de l’art et de la pensée, on pouvait croiser quelques grands intellectuels de l’époque, comme Breton, bien sûr, mais aussi Aragon, Eluard, Buñuel, Man Ray, Ernst, ou Dali.
L’ambiance y était bouillonnante, joyeuse, parfois explosive, mais toujours festive et… résolument canaille. Batifol était donc apparu comme une évidence, pour baptiser ces temples de la tortore généreuse et bistrotière.
Un cadre qui nous transporte au début des années 1900
Conçu par le décorateur Pierre Canot, le cadre de Batifol multiplie les clins d’œil au Vieux Paris du début du XXème siècle, avec son grand zinc coiffé de quelques tireuses à bière, ses murs patinés à l’ancienne, ses affiches rétro chinées aux Puces, ses bibelots d’époque posés ici et là, ses chaises bistrot, ses confortables banquettes couvertes de cuir bordeaux, et ses chapelières en laiton doré. Et pour ne rien gâcher, la grande façade vitrée est intégralement escamotable, pour se transformer en une vaste et agréable terrasse dès les premiers rayons de soleil.
Une carte qui privilégie le "fait maison"
A l’exception des escargots de Bourgogne, du confit de canard et des "babas" (au demeurant très bons), l’intégralité de la carte est cuisinée maison, à base de produits frais et sourcés auprès des meilleurs fournisseurs et producteurs.
Un appréciable parti-pris, que nous avons pu constater au cours de notre récent dîner, avec de véritables et exemplaires œufs durs mayonnaise (4,50 €), de plantureux os à moelle accompagnés de sel de Guérande et pain de campagne grillé (7,50 €), des lentilles vertes du Puy (parfaitement cuites) accompagnées d’une vinaigrette moutardée, et servies à volonté dans une grande jatte (5 €).
Venaient ensuite un délicieux bœuf bourguignon servi dans sa cocotte (17 €), avec une viande bien fondante qui s’effilochait toute seule sous nos coups de fourchettes appliqués, et un véritable et traditionnel pot au feu à l’os à moelle (18 €) baigné dans un bouillon si goûteux, que nous en aurions presque léché le fond de la cocotte. Deux très bons plats, si généreusement garnis en viande, qu’ils auraient presque pu satisfaire une paire de convives supplémentaires.
La mousse au chocolat grand cru (6 €) et le baba au rhum (8,50 €) venaient enfin constituer un épilogue parfait, à ce repas aussi gourmand que « canaille ».
Des prix incroyablement sages !
Pour ne rien gâcher, Christophe Joulie, le Président du groupe familial, a tenu à ce que les tarifs de Batifol restent accessibles au plus grand nombre. Et si le prix d’un repas y reste légèrement supérieur à ceux du Bouillon Chartier Montmartre et du Bouillon Chartier Montparnasse - deux autres fleurons du groupe - un repas constitué d’une entrée, d’un plat et d’un dessert tourne autour de 25 € hors boisson, ce qui classe sans doute Batifol parmi les meilleurs rapports qualité-prix de la capitale.
Mais malgré ce portrait idyllique que nous venons vous brosser de Batifol, nous avons pourtant une grande déception à partager avec vous. Cela concerne le "semainier", qui enchaîne la saucisse au couteau et aligot le lundi, le petit salé aux lentilles vertes du Puy le mardi, le bœuf bourguignon le mercredi, la tête de veau sauce ravigote le jeudi, et la brandade de cabillaud le vendredi... parce que nous, ces plats là, on en commanderait bien tous les jours !
Lieu
Batifol
Rue du 8 Mai 1945
75010 Paris 10
Accès
Métro : Gare de l'Est
Tarifs
Menu Enfant : 9€
Carte (env.) : 25€
Site officiel
www.batifol.paris
Lien(s) de Réservation
www.batifol.paris
01 42 05 20 02
restaurant@batifol.paris