Déjà entamée en 2012 par l'architecte Christophe Daudré, la rénovation de l'hôtel de luxe Edouard 7 se poursuit aujourd'hui avec la partie restaurant. Après deux mois de travaux, le restaurant renommé pour l'occasion "la cuisine de l'E7" est passé ainsi d'une déco au style burlesque et clinquant à celle d'un loft parisien sobre et moderne : photographies de ballerines et banquettes couleur crème ont remplacé danseuses de cabaret et tapisseries dorées. C'est plutôt réussi, on se sent tout de suite à l'aise et il est temps de passer à table.
La carte est simple et se veut à l'image de la cuisine du jeune chef de 31 ans Remy Fourmeaux : épurée dans la présentation, raisonnée dans le choix des produits bio et de saison. Oeuf mollet en panure et crème de panais, homard bleu de bretagne mousseline de wasabi et légumes croquants, rouget de l'ile d'Yeu. Le défenseur des produits français que vous etes peut être sera obligatoirement séduit.
Un menu du jour est également proposé avec un thème qui change chaque mois. Simon Peskine nous explique le concept : "Avec le chef, nous décidons d’un pays par mois, et chaque semaine nous proposons des plats et boissons en fonction de ce choix. En janvier, nous avions décidé de la Russie par rapport au nouvel an, en février, ce sera le Brésil, pour le Carnaval de Rio ». La star de la semaine est donc un bœuf stroganoff cuit la veille au matin pendant plusieurs heures, laissé au repos, puis recuit le jour même. Le résultat est si fondant qu'il nous amène à revoir la recette de notre si populaire bœuf bourguignon. Je referme la carte, je préfère laisser le chef choisir pour moi.
Au Menu :
Amuse-bouche : tapenade et mini pain toasté
Entrée : Gravlax de saumon "label rouge", brunoise de celeri et pommes, légumes aigre doux. La découpe du saumon et le dressage dans l'assiette est fait devant nous, un concept moderne qui tenait à cœur du Chef et du directeur M. Peskine. La salle devient un prolongement de la cuisine, elle s'anime et c'est l'occasion de discuter du produit qui nous est servi. Cette découpe en salle est la vraie valeur ajoutée du restaurant.
Vins : Sauvignon blanc, Pascal Jolivet, 2011
Plat : Saint-Jacques de plongée de Saint-Brieuc, canneloni de céleri à la truffe noire, crème de choux rouge. Une assiette magnifique: le jaune de la canneloni, le violet éclatant de la crème de choux, la petite écume iodée au sel maldon (sel gris de l'est de l'Angleterre) L'apprenti cuisinier que je suis notera également le travail dans l'assiette et le nombre de cuissons différentes nécessaires à la réalisation de ce plat. Au goût, c'est encore mieux, tous les éléments ont un sens et une utilité si bien qu'il ne reste rien dans l'assiette.
Fromages : Comté 18 mois de la maison Alléosse (Paris 17ème)
Desserts : Ananas Victoria flambé au rhum des Barbades. Une nouvelle fois la cuisson et le flambage des ananas sont effectués devant nous, le tout dressé sur un sablé diamant et entouré de crème vanille. Un régal.
Vins : vin moelleux de Crimée
La cuisine de l’E7 est une belle surprise et si comme moi vous n'etes pas forcément à l'aise dans les établissements guindés et luxueux ici vous serez aussi bien séduits par la cuisine raffinée mais gourmande de Remy Fourmeaux que par le service en salle de Simon Peskine. Ancien d'Alain Ducasse au Plaza Athénée, ce dernier apporte un vrai plus en salle par sa disponibilité et sa connaissance du moindre détail de la carte. (jusqu'au type de bois des barriques du rhum employé pour flamber les ananas) Coté vin, il a travaillé avec David Biraud, actuellement en lice pour le titre de meilleur sommelier du monde 2016.
Côté tarifs on est loin de ceux pratiqués par la plupart des grands palaces parisiens, qui plus est pour un diner. A tester les yeux fermés.
Infos Pratiques:
La Cuisine L'E7 à l'Edouard 7
Adresse : 39 Avenue de l'Opéra 75002 Paris
Menu du jour : 39€ / 49€
A la carte : Entrées 16/24€ - Plats 30-45€ - Desserts 12-15€
Réservation: 01 42 61 86 26
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HISTOIRE
A la fin du XIXème siècle, Albert Edouard dit Edouard VII, alors Prince de Galles avant de monter sur le trône d'Angleterre qu'il occupera jusqu'a sa mort en 1910, avait fait de ce bâtiment hausmannien sa demeure Parisienne. Il pouvait ainsi y satisfaire son amour de Paris et particulièrement pour l'Opéra Garnier et les cantatrices qui y donnaient des représentations.
Un siècle plus tard, les choses ont un peu évolué mais la clientèle de l'hôtel est encore très liée à celle de l'Opéra et il n'est pas rare qu'un chorégraphe connu y séjourne lors de son passage en ville.
Attention, notre dernier passage remonte à plus de 4 ans, le cadre et l’expérience ont pu évoluer.
Lieu
Hôtel Edouard 7
39 Avenue de l'Opéra
75002 Paris 2
Tarifs
desserts : 12€ - 15€
entrées : 16€ - 24€
plats : 30€ - 45€
menu du jour : 39€ - 49€