Il est des ouvertures qui passent sous les radars et qui, pourtant, méritent toute l'attention. C'est le cas de La Baignoire, un restaurant bistronomique ouvert en toute discrétion l'année passée, dans le Sentier. Au croisement de deux ruelles, à une encablure de l'église Notre-Dame de Bonne Nouvelle et du petit parc qui lui fait face, se dresse cette excellente table ouverte par Paul Ottavioli.
De sa formation d'architecte paysagiste, ce dernier en a tiré une volonté de faire les choses par lui-même. Si c'était déjà le cas avec sa première adresse, le bar Encore Là non loin de La Baignoire, il a remis le couvert avec son restaurant qu'il a personnellement conçu et dont il a imaginé la décoration jusque dans les moindres détails, comme avec cette mosaïque de 8000 petits carreaux, créée de toutes pièces sur le pas de la porte.
Baptisée du nom du restaurant de la mère du propriétaire sus-cité, La Baignoire accueille les gourmets dans une atmosphère délicatement chic, avec ses tables nappées de blanc, son argenterie dressée au cordeau, ses chandeliers allumés dès le soir venu, ses petits bouquets de fleurs des champs et sa vaisselle ancienne au liseré doré.
Une atmosphère intimiste et raffinée dans un format de poche au rez-de-chaussée, et une ambiance encore plus discrète au sous-sol, dans la salle privatisable où trône une grande tablée qui peut recevoir jusqu'à 16 convives autour de deux menus pour toute la table (65€ ou 85€). Sous les voûtes également, la cave à vins du restaurant, tendance petits vignerons et vins nature qui se sirotent à travers des accords mets et vins.
Evidemment, que serait un bon restaurant sans une bonne cheffe. A La Baignoire, la cheffe Cécile Lévy exécute avec grâce une cuisine française teintée d'inspirations méditerranéennes, du Moyen-Orient et de l'Est de l'Asie. Après un parcours à l'international, la cheffe s'est faite connaître en participant à l’équivalent israélien de Top Chef, où elle a été repérée par le chef étoilé Assaf Granit. De retour à Paris, elle devient alors cheffe exécutive de Tekés.
Forte de cette expérience, la cheffe cuisine désormais du beau, du bon et du bien sourcé - jusqu'au pain brioché, fait-maison chaque matin - à La Baignoire. Sans fioriture, la carte qui change deux fois par saison va droit au but avec seulement deux entrées, deux plats et deux desserts. Le midi, la formule déjeuner entrée/plat ou plat/dessert est à 27€, la formule complète à 31€ - difficile de faire mieux. Au diner, il est possible d'opter pour un menu dégustation en trois (65€), cinq (85€) ou sept temps (105€).
S'il est possible de partager les assiettes entre convives, une exception devenue la norme dans les restaurants de la capitale, les portions sont, d'après notre expérience, conçues de manière à satisfaire un seul appétit, tant sur leur structure (les recettes regorgent de petits détails qui ne facilitent pas le partage) que par leur taille imaginée sur-mesure pour un convive.
La Baignoire dispose déjà de classiques qu'il ne vous faudrait pas manquer : les asperges blanches (18€), crème de cajou, beurre blanc, ail des ours et sésame noir ; le renversant thon rouge finement tranché (14€), abricot, aioli shifka et lime ; le faux-filet tout juste rosé (28€), accompagné d'une fleur de courgette garnie de labneh, d'oignons caramélisés et d'un jus de viande à la fraise des bois ; et pour terminer en beauté ce déjeuner d'une infinie délicatesse, le dessert au matcha (10€), chocolat blanc, crumble de pignons de pin, meringue croquante et gel de citron vert très expressif.
Une discrète adresse qui mérite pourtant tous les honneurs.
Ce test a été réalisé dans le cadre d’une invitation professionnelle. Si votre expérience diffère de la nôtre, merci de le signaler dans les commentaires.
Lieu
La Baignoire
7 Rue Notre Dame de Bonne Nouvelle
75002 Paris 2
Site officiel
labaignoirerestaurant.com